Le tremblement de terre de 2010 en Haïti a fait plus de 200 000 mortEs et a détruit des centaines de milliers de logements. Leurs habitants se sont souvent retrouvés dans des camps de fortune. Des dizaines de milliers d’entre eux y résident encore... La fourniture de services essentiels y a progressivement décru du fait de la réduction des financements. En juin 2014, par exemple, seulement 67 % des résidentEs des camps avaient accès à des latrines.
Parmi les personnes qui ont quitté les camps, beaucoup se sont réinstallées dans des conditions extrêmement précaires. Les départs des camps n’ont pas toujours été volontaires. Dans certains cas, la police a utilisé des grenades lacrymogènes et a tiré en l’air à balles réelles. Dans d’autres cas, des groupes armés de machettes et de bâtons ont fait irruption dans les camps pour les démanteler.
Le mot d’ordre « reconstruire en mieux », répété par l’ancien président des États-Unis Bill Clinton lorsqu’il était envoyé spécial de l’ONU pour Haïti, est largement resté un vœu pieux. La diminution de l’aide internationale, l’incurie du gouvernement haïtien et l’égoïsme de la classe dominante locale se conjuguent pour ne pas résoudre les problèmes. En effet, tout le monde n’est pas pauvre en Haïti : « J’ai des copains qui dépensent en un week-end à Miami dix fois ce qu’ils paient en impôts en un an en Haïti ! » reconnaît un industriel.
Mais Haïti n’est pas condamnée à être un « pays maudit » : « Haïti est souvent présentée comme un pays désespéré, qui devrait rester sous perfusion. Ce malentendu vient de très loin, il est associé au discours colonial fabriqué sur Haïti pour nier l’indépendance en 1804 et reproduit au 19e siècle à la suite de l’occupation américaine », juge l’économiste Camille Chalmers. Mais pour que cela change, il faudra que les masses populaires haïtiennes prennent enfin leur destin en main.