Publié le Mardi 13 juillet 2021 à 12h30.

Haïti, la néocolonie parfaite

Entretien avec Henry Boisrolin conduit par Daniel Gatti

L’assassinat non élucidé de Jovenel Moïse, qui gouvernait par la force des massacres avec le soutien de l’OEA (Organisation des Etats américains) et de Washington, alimente les inquiétudes impériales quant à une nouvelle intervention. Dans les rues, les paramilitaires et la mobilisation populaire se disputent l’avenir.

Mercredi 7 juillet au petit matin, un commando paramilitaire est entré dans la maison du président haïtien Jovenel Moïse à Port-au-Prince et l’a abattu. Sa femme a été gravement blessée. Le Premier ministre Claude Joseph, qui était sur le point de quitter le gouvernement (Jovenel Moïse avait nommé un remplaçant le lundi 5 juillet), a décrété l’état d’urgence et fait descendre les forces armées dans les rues.

Les enquêtes n’avaient pas encore commencé que des versions ont commencé à circuler selon lesquelles les assaillants parlaient espagnol. Certains ont suggéré qu’ils étaient vénézuéliens (évidemment «chavistes») et colombiens (évidemment «des ex-FARC [Forces armées révolutionnaires de Colombie]»). Le matin du même mercredi, le président colombien, Iván Duque, a demandé l’intervention de l’Organisation des Etats américains (OEA), dont le Conseil permanent a été convoqué dans la soirée. C’est un assassinat intolérable, a-t-il affirmé.

Dans certains pays européens et aux Etats-Unis, on a commencé à envisager la possibilité d’envoyer à nouveau des troupes en Haïti, ce qui recréerait la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), qui fut en fonction entre 2004 et 2017. Dans les déclarations de certains dirigeants, l’hommage à Moïse est allé au-delà de la reconnaissance due à une victime d’un meurtre: certains ont fait l’éloge de son administration! Haïti, pays ingouvernable, Haïti, pays «mineur» qui ne peut se débrouiller seul sans un père pour le surveiller. Sont revenus au premier plan les lieux communs de toutes ces années pour justifier: la militarisation, la succession de gouvernements corrompus, la faim et la misère – comme maux «naturels» d’une société «arriérée» –, la présence impériale, plus ou moins ouverte, plus ou moins sournoise, selon les convenances. Ils ont été entendus tellement de fois par le passé.

On ne saura peut-être pas avant des années, on ne saura peut-être jamais comment Jovenel Moïse est réellement mort, a déclaré mercredi à Telesur Danny Shaw, un militant américain qui vit à Port-au-Prince depuis plusieurs mois. Le gouvernant assassiné avait tellement d’ennemis que les tirs auraient pu venir de n’importe où. Sauf du camp populaire. Car s’il y a des secteurs qui ne sont pas du tout intéressés par un scénario comme celui qui est en train de se mettre en place, avec un éventuel retour de la Minustah ou d’une mission d’intervention équivalente, maintenant ou dans quelque temps, ce sont ceux qui veulent vraiment changer les choses.

Il n’y a pas de deuil dans les rues, parce que Jovenel Moïse était directement et indirectement responsable de dizaines d’assassinats, de quelque 12 massacres collectifs dans des quartiers populaires au cours des quatre dernières années. En effet, il était le complice des plus fétide de l’oligarchie haïtienne et des gangs qui poussent comme des champignons. Il gouvernait comme un dictateur. Mais il n’y a pas de joie non plus dans la rue, parce que sa chute, dans ces conditions, est très loin de signifier la chute du système dont il faisait partie.

Si seulement existait un Wikileaks qui fasse la lumière sur la façon dont cette exécution a été préparée, a déclaré Danny Shaw, qui a rappelé qu’il n’est pas rare que les dictateurs deviennent embarrassants parce qu’ils ne sont pas présentables. Cela s’est produit il y a 60 ans dans la République dominicaine voisine avec Rafael Trujillo, assassiné [le 30 mai 1961 par des militaires] parce qu’un libéral était plus commode qu’une brute épaisse. Et il y a les gangs, et il y a le trafic de drogue…

La veille de l’assassinat de Jovenel Moïse, Brecha s’est entretenu avec Henry Boisrolin, coordinateur du Comité démocratique haïtien, qui est basé en Argentine depuis des années. L’idée était de parler de ce qui se passait dans son pays, si silencieux, si peu présent dans les médias, si misérable. Il y avait eu une série de meurtres, une de plus: 19 personnes abattues en pleine rue dans la nuit du 29 au 30 juin, parmi lesquelles le journaliste Diego Charles et la militante féministe Antoinette Duclaire. Il est frappant de constater qu’il s’agissait du énième massacre de leaders sociaux en très peu de temps. Et cela a fait à peine la une des journaux. On parle de l’action ouverte de bandes armées unifiées en un commando dirigé par un ancien policier. Il se présente comme un «révolutionnaire», il contrôle des quartiers entiers de Port-au-Prince, extorque de l’argent aux pauvres et aux riches et provoque des déplacements de population. Qu’est-ce qui se passe? Le lundi 5 juillet, Jovenel Moïse nommait un nouveau premier ministre, le huitième depuis son accession à la présidence, en 2017. Il s’agissait d’un homme politique lié à l’opposition libérale [Ariel Henry], ce qui donnait une idée du degré de décomposition du gouvernement. Les «informations» faisaient à peine état des manifestations de rue, certaines très importantes, qui se déroulaient jour après jour depuis plusieurs mois… Beaucoup de sujets. Henry Boisrolin a commencé par les replacer dans leur contexte.

«Il faut contextualiser pour ne pas se perdre parmi tant de meurtres, tant de crimes, tant de misère, car quand on parle d’Haïti, c’est pour en parler et on perd le fil», nous a-t-il dit. Il continue: «la crise que vit Haïti est une crise ininterrompue, un film au ralenti de l’effondrement du système de domination», un système qui a commencé à fonctionner après la première occupation militaire américaine en 1915. «Depuis lors, le pays est devenu une parfaite néocolonie et le plus appauvri des Amériques. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de décomposition de ce système et ceux qui gouvernent veulent le redéfinir, avec un type d’ordre juridique et politique différent, pour donner plus de pouvoir à l’exécutif et affaiblir le parlement. La Constitution qu’ils ont secrètement rédigée au sein du gouvernement, qui devait être soumise à un plébiscite en septembre 2021, va dans ce sens.»

«Mais pour les gens ordinaires,» a souligné Henry Boisrolin, «cette Constitution ne vaut pas grand-chose, tout comme les élections présidentielles et législatives convoquées le même jour que le plébiscite constitutionnel ne valent pas grand-chose.» «Ce n’est pas que ces dirigeants soient incompétents, ils sont pervers: ils organisent l’élection du prochain Parlement, qui sera composé de deux chambres, en même temps qu’un plébiscite sur une Constitution qui, elle, supprime l’une de ces deux chambres, le Sénat. Cela semble absurde, mais cela montre à quel point ils se soucient peu de cette démocratie qu’ils prétendent respecter.»

Comme toutes les élections qui ont eu lieu ces derniers temps, celles de cette année, si elles ont lieu, seront marquées par la fraude. Tout candidat du camp populaire qui se présente aux élections peut les gagner si elles sont conduites selon les normes, estime Henry Boisrolin. «Mais les secteurs dominants ne vont pas se laisser faire. La seule élection véritablement libre qui a eu lieu dans le pays après la chute de la dictature des Duvalier a été remportée par un représentant du camp populaire, le prêtre Jean Bertrand Aristide, en 1990. Il l’a remporté haut la main, mais a été renversé par un coup d’Etat encouragé par les Etats-Unis.»

 

Quelle élection sérieuse peut être organisée dans les conditions actuelles, où les gens n’iront pas voter, comme ils ne sont pas allés voter dans le passé, parce qu’ils n’ont aucune certitude que les résultats seront respectés, parce que dans une économie de subsistance comme celle d’Haïti, dans une société aussi brutalement pyramidale que celle d’Haïti, il n’y a plus aucun sens à mettre un petit bulletin dans une urne?
«Aujourd’hui, dans mon pays, 6 millions de personnes sont victimes d’une grave famine, 70% de la population active est au chômage et l’espérance de vie n’atteint pas 60 ans», déclare Henry Boisrolin. Il souligne que pour comprendre la crise structurelle haïtienne, il faut tenir compte de sa position géopolitique: «Elle est au centre des Caraïbes, sur la route maritime vers le Venezuela; c’est le pays le plus proche de Cuba et, si depuis la doctrine Monroe [1823], Washington considère toute l’Amérique latine comme son arrière-cour, les Caraïbes sont sa première arrière-cour. C’est là que circulent les biens importants pour eux. Ils ne peuvent pas permettre qu’Haïti soit trop déstabilisé; ils doivent maintenir le statu quo par tous les moyens, en sacrifiant si nécessaire les dirigeants politiques, aussi fonctionnels soient-ils.»

 

Jovenel Moïse l’était-il, fonctionnel? Avait-il cessé de l’être?
Peut-être. Aujourd’hui, il y a une lutte interne entre les secteurs dominants. Il existe un secteur commercial qui dépend directement des Etats-Unis. Il y a 11, 12 familles qui contrôlent le pouvoir et qui ont soutenu Jovenel Moïse, qui était un gros businessman de la banane. Il y a un secteur qui a encore très peu de poids qui s’efforce d’élever le niveau de développement de ce capitalisme très particulier. Ils ont aussi une relation avec l’empire, mais ils ont pour objectif un fonctionnement institutionnel plus présentable, avec un certain respect de la légalité, ce que les derniers gouvernements n’ont pas eu.

Jovenel Moïse a gouverné par décret pendant un an, après avoir dissous le parlement. Sa gestion a été scandaleuse à tous points de vue. Lundi 5 juillet, il a libéré tous les hommes politiques qui avaient été poursuivis dans des affaires de corruption, dans le but de permettre à certains d’entre eux de se présenter aux prochaines élections. Il ne s’est maintenu que sur la base de cette corruption et surtout de la répression. Lorsque, à la suite d’une hausse du prix du carburant en 2018, d’énormes manifestations populaires ont éclaté, la répression s’est intensifiée. Le gouvernement a alterné les assassinats sélectifs et non sélectifs. Il a eu recours à des massacres collectifs: 12 en quatre ans, avec des dizaines de morts. Il visait à briser l’épine dorsale du mouvement populaire. Ceux qui viendront après lui continueront à avoir cet objectif.

Bien sûr, l’exécutif était maintenu par le soutien des puissances qui, alors qu’elles n’avaient personne d’autre, le soutenaient, lui donnaient de l’argent, le couvraient. Depuis le départ de la Minustah, le Cogroup fonctionne, composé de représentants des Etats-Unis, du Canada, de la France, de l’Espagne, du Brésil, de l’OEA, de l’ONU [Organisation des Nations unies] et de l’Union européenne. C’est le vrai gouvernement. Il est évidemment sous le contrôle de Washington.

La Cogroup est au courant des violations des droits de l’homme commises par le gouvernement Jovenel Moïse, tout comme la Minustah était au courant des atrocités commises par les administrations précédentes. Récemment, Jovenel Moïse a appelé Luis Almagro, le secrétaire général de l’OEA, pour lui demander son soutien. Il était harcelé par les manifestations populaires, la montée de la criminalité l’accablait, les enlèvements avec demande de rançon s’étaient généralisés, les gangs pullulaient, certains le dérangeaient et il voulait qu’ils le soutiennent.

Luis Almagro a envoyé une mission. Elle a produit un long rapport dans lequel il n’était pas question de répression politique. L’OEA y a proposé une solution politique consistant en un gouvernement d’unité nationale avec Jovenel Moïse et, sur le plan institutionnel, n’a exigé qu’un changement dans la composition du Conseil électoral, dans lequel Jovenel Moïse avait placé ses amis. Il s’agissait de moins qu’un changement cosmétique. L’opposition l’a rejeté.

 

Qui incarne actuellement l’opposition?
Il existe trois secteurs principaux : les forces démocratiques de droite; les forces sociales-démocrates et la gauche, qui, il y a quelques années, a finalement entamé un processus de confluence dans le Front patriotique et populaire, composé de sept partis qui se définissent comme socialistes, mouvements sociaux, droits de l’homme, féministes.

Il existe un consensus entre le secteur social-démocrate et la gauche pour s’engager en direction d’un gouvernement que nous appelons un gouvernement transitoire de rupture, dans lequel tous les secteurs d’opposition seraient présents, tous, et dont aucun des gouvernants actuels ne ferait partie. Ce gouvernement fonctionnerait pendant environ deux ans. Il serait chargé de mettre en place une nouvelle structure institutionnelle, d’affirmer la souveraineté nationale, de promouvoir des réformes sociales, de juger les crimes contre l’humanité et les scandales de corruption de l’administration actuelle, de rétablir les relations avec tous les pays, y compris le Venezuela, de convoquer une assemblée constituante et de convoquer ensuite des élections générales.

Personne n’est en mesure de mener seul ce processus, il faudra toute l’opposition actuelle et nous devrons faire preuve de créativité pour emprunter la voie d’une société plus juste. Ils ne devraient pas nous humilier autant qu’ils le font maintenant. C’est l’essentiel.

Selon Henry Boisrolin, si les manifestations de rue sont si nombreuses depuis 2018, c’est parce qu’il existe un fond de rébellion dans le peuple que ni la répression, ni la faim, ni la pandémie (qu’est-ce qu’un fléau de plus dans un pays exposé à tous les autres?) n’ont pu diminuer. Henry Boisrolin pense qu’il existe une très longue tradition de lutte dans ce pays qui a été le protagoniste de la seule révolte anti-esclavagiste réussie de l’histoire, et que, malgré toutes les douleurs, il reste encore beaucoup de cette tradition. Maintenant «il y a un plus grand degré d’organisation dans le camp populaire» qu’il y a quelque temps. Il dit que ce n’est pas pour rien que le terrorisme d’Etat a atteint un paroxysme sous Moïse. Cela va exiger que les «secteurs populaires augmentent leur niveau d’autodéfense». «Les efforts de tous les gouvernements récents pour discipliner le peuple ont échoué», pense Henry Boisrolin. Néanmoins, il souligne que cela ne signifie pas qu’ils soient près de triompher. «La situation actuelle est très explosive et il est très difficile de prévoir où elle va évoluer. L’opposition est divisée sur la marche à suivre. Il y a ceux qui parient sur une insurrection populaire, d’autres veulent négocier avec les Etats-Unis pour un changement modéré. Si je devais parier, je dirais que nous sommes proches d’une explosion générale. Je ne sais pas qui la dirigera, mais les conditions sont réunies.»

Gangstérisation

L’un des signes de l’extrême décomposition actuelle d’Haïti est la multiplication des bandes armées et leur pouvoir croissant: puissance de feu, emprise territoriale, voire politique. La Commission nationale pour le désarmement, le démantèlement et la réintégration a récemment estimé qu’elles étaient au nombre de 77. Il ne leur est pas difficile de s’équiper, car il existe aujourd’hui un marché illégal de 500 000 armes de guerre dans le pays, soit deux fois plus qu’il y a moins de cinq ans.

«Le pays est gangrené», dit Henry Boisrolin, notant que les secteurs dominants ont créé leurs propres gangs. Mais ces bandes sont déjà un acteur politique majeur et elles peuvent même agacer certains des détenteurs du pouvoir. Les neuf gangs les plus puissants se sont récemment unifiés avec un commandement; d’abord appelé G9, ils se sont rebaptisés Groupe révolutionnaire 9. Ils manifestent armés dans les rues, leurs chefs donnent des conférences de presse, ils ont leur propre chaîne YouTube, ils parviennent à imposer un changement de ministres quand ces derniers ne leur conviennent pas. En juillet 2020, le Groupe révolutionnaire 9 a organisé une manifestation de rue à Port-au-Prince pour demander sa légalisation.

Les membres ont défilé dans le même type de voitures blindées que celles utilisées par la police. Leur principal chef est, précisément, un ancien membre d’une unité spéciale de la police, Jimmy Cherizier, dit Barbecue. Il a été démis de ses fonctions après une opération dans un quartier pauvre en 2017. Au cours de cette descente huit civils et deux policiers ont été tués. Lautaro Rivara, journaliste et sociologue argentin vivant à Port-au-Prince, a souligné dans Rebelión.org (30 juin 2021) que la fédération des gangs dirigée par «Barbecue» a des liens étroits avec l’administration Moïse.

En 2020, le Groupe révolutionnaire 9 a coordonné avec la police une livraison de nourriture dans un quartier particulièrement pauvre de la capitale. Il contrôle les zones centrales de Port-au-Prince et les entrées nord et sud de la zone métropolitaine, «ce qui, dans la géographie unique d’Haïti, lui donne une capacité exceptionnelle à isoler la capitale du reste du pays», écrit Lautaro Rivara. Ce sont des territoires surpeuplés dans un pays surpeuplé; de territoires qui sont fondamentaux pour le contrôle de toute protestation, de toute mobilisation à grande échelle, «car ce sont certaines des zones dont la capacité de mobilisation radicale est la plus forte depuis l’époque du gouvernement Aristide».

Les bandes armées – celles Barbecue et les autres – ont récemment multiplié leurs enlèvements contre rançons, apparemment sans distinction, car ils capturent aussi bien les riches que les pauvres, les hommes d’affaires que les paysans. Les meurtres se sont également multipliés. En 2020, on a dénombré 1270 enlèvements de ce type. Et pour le seul mois de juin dernier, on compte 150 homicides, selon les données de l’association Défenseurs Plus.

Lautaro Rivara affirme que le 23 juin, Barbecue est apparu dans une vidéo qui est rapidement devenue virale. «Accompagné d’un peloton de jeunes cagoulés et armés – dont plusieurs portaient des uniformes de police – il a annoncé le début d’une “révolution armée”, initiant un tournant discursif contre l’Etat, le gouvernement et l’opposition politique. Utilisant le symbolisme national et évoquant les héros de la révolution d’indépendance, il a invité la population à s’armer et à rejoindre son organisation.» C’était «inattendu», mais aussi «invraisemblable» selon Lautaro Rivara qui affirme qu’actuellement, Haïti, «avec l’aide des grandes puissances, semble plonger dans l’abîme des projets paramilitaires qui ont déjà frappé d’autres nations d’Amérique centrale et des Caraïbes, favorisant le chaos organisé, l’insécurité stratégique et la déstructuration de tout le tissu social et communautaire, ouvrant la porte à une politique de choc qui parvient à démobiliser leurs indomptables classes populaires».

Article publié dans l’hebdomadaire uruguayen Brecha en date du 9 juillet 2021; traduction rédaction A l’Encontre)