Le 28 mai, la Chine a adopté la « Décision sur la création et l’amélioration de la législation de la Région administrative spéciale de Hong Kong ainsi que ses mécanismes de mise en œuvre, visant à préserver la sécurité nationale ». Cette loi signifie qu’à Hong Kong, toute personne ayant des liens avec des « forces étrangères », ainsi que toute personne appelant à l’indépendance ou à l’autodétermination de Hong Kong, ou à « en finir avec la dictature du parti unique », pourra être poursuivie en justice.
Cette loi est la réponse du régime de Pékin au mouvement démocratique de Hong Kong initié en 2014, qui s’est accompagné d’une forte désobéissance civile et a donné naissance à des courants appelant à l’indépendance, ou à l’autodétermination. La mise en œuvre de cette loi signifierait la fin du régime appelé « un pays, deux systèmes ».
Les craintes de Pékin
Les partis pro-Pékin de Hong Kong ont déclaré que la population portait l’entière responsabilité de cette situation. Elle s’est en effet opposée depuis 2003 au dépôt du projet de loi sur la sécurité nationale, bien que la responsabilité de Hong Kong de promulguer une telle loi soit inscrite dans la Loi fondamentale (Basic Law) tenant lieu de Constitution depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en juillet 1997.
Les HongkongaisEs sont cependant fiers du bilan de leurs luttes. Celles-ci constituaient une réponse légitime au non-respect continu de Pékin d’honorer sa promesse d’instaurer le suffrage universel, 23 ans après la rétrocession de Hong Kong.
Les partisans de Pékin soulignent sans cesse l’inquiétude de Pékin face à la menace de « forces étrangères » lors du processus d’élaboration de la loi. En fait, la principale crainte de Pékin ne concerne en réalité pas ces « forces étrangères », mais le mécontentement de la population sur le continent et à Hong Kong.
La commémoration du massacre de Pékin le 4 juin 1989 est maintenant dans moins d’une semaine. Depuis trente ans, Hong Kong est la seule ville chinoise organisant chaque année cette commémoration. Le pouvoir de Pékin déteste cela. Il craint que Hong Kong ne réussisse un jour à encourager la renaissance du mouvement démocratique sur le continent. C’est également la raison pour laquelle il fait tout son possible en ce moment pour nous empêcher d’organiser cette année cette commémoration, avant même que la loi de sécurité nationale de Pékin n’entre en vigueur à Hong Kong.
Après avoir tué des milliers de personnes en 1989, puis s’être réintégré au sein du capitalisme mondial, le régime de Pékin a tellement enrichi ses propres élites et ses amiEs du Parti communiste qu’il craint constamment un scénario dans lequel le peuple exigerait que le parti rende des comptes.
Retour des manifestations de masse
Pékin veut supprimer l’autonomie de Hong Kong précisément parce que la liberté de la presse qui y existe permet d’accéder librement aux informations concernant les secrets de la corruption du parti.
Le dossier des disparitions des libraires/éditeurs de Causeway Bay en 2015 est la meilleure illustration de cette préoccupation. Entre octobre et décembre 2015, cinq propriétaires ou employés de ces établissements ont disparu. Deux d’entre eux ont été enlevés à Hong Kong et en Thaïlande pour être emmenés en Chine continentale. On pense généralement qu’ils ont été victimes de représailles pour avoir publié un livre sur Xi Jinping. De plus en plus, les dirigeants de Pékin considèrent l’autonomie de Hong Kong comme un grave danger pour leurs privilèges issus du pillage de la richesse nationale.
La révolte de 2019 a le potentiel de se transformer, en 2020, en un nouveau mouvement contre la nouvelle loi de sécurité nationale. Dimanche 24 mai, des centaines de milliers de jeunes sont descendus dans la rue dans différentes parties de Hong Kong pour protester contre Pékin. Il s’agit des premières manifestations depuis le début de la pandémie de coronavirus en février.
À Hong Kong