Publié le Vendredi 3 septembre 2010 à 09h56.

Irak. Que va changer le retrait des troupes américaines ?

Le 24 août, un communiqué de l’armée américaine indiquait que le nombre de soldats en Irak était tombé sous les 50 000 et qu’elle  s’engageait dans l’opération « New Dawn » [Nouvelle Aube], conformément aux directives du Président Obama qui, lors d’un discours devant un congrès d’anciens combattant handicapés, avait annonçé début août que l’occupation américaine en Irak allait diminuer et « évoluer du combat au soutien et à l’entraînement des forces irakiennes de sécurité ». L’attaque de l’Irak, en mars 2003, avait mobilisé 130 000 hommes. Après plus de sept ans de guerre, les USA n’ont réussi qu’à détruire l’ensemble de la société irakienne. Plus d’un million d’Irakiens sont morts à cause de la guerre, ainsi que plusieurs milliers de soldats des forces d’occupation. Quatre millions d’Irakiens ont dû fuir leur maison. Les groupes religieux extrémistes sont le produits de la guerre : Al Qaida n’existait pas dans le pays. Alors qu’Obama explique que « la violence dans le pays continue à être presque aussi basse que depuis des années », les mois de juillet et août ont connu le plus fort nombre de morts violentes depuis deux ans. Dire que l’Irak est aujourd’hui un pays plus sûr est un mensonge aussi important que celui de l’existence d’armes de destruction massive qui a servi à justifier l’intervention. Mais bien sûr, les USA ne se retirent pas complètement d’Irak puisque, si les troupes de combat doivent quitter le pays, 50 000 « conseillers et entraîneurs » resteront jusqu’à la fin de 2011, et 10 000 plus longtemps encore. Les moyens logistiques (avions, hélicoptères...) resteront sur place, et les USA sont en train de recruter 7 000 agents de sécurité (des mercenaires) pour sauvegarder leur pouvoir. Cet effet d’annonce n’a donc pour but que de masquer le fait que les USA ont perdu cette guerre. Lorsque George W. Bush a lancé la guerre en Irak, il voulait dissuader la contestation de la supériorité économique et militaire des USA, notamment dans la région. Les USA avaient ainsi pour objectif de contrôler la production de pétrole : c’est aujourd’hui la Société nationale chinoise de pétrole qui détient les plus grosses parts de marché. En 2009, après un contrat de 3 milliards de dollars pour développer un gisement pétrolifère dans le sud-est de l’Irak, China National Petroleum Corporation a remporté, dans le cadre d’un consortium avec BP, un contrat pour développer le gigantesque champ de Roumaïla au sud du pays. Les USA avaient pour objectif d’installer un régime pro-occidental en Irak : ils ont pu démontrer leur capacité à terroriser la population mais pas à la contraindre de respecter ses volontés. Depuis les élections législatives du 7 mars 2010, il n’y a aucun gouvernement en Irak. Les USA avaient pour objectif de déclencher une série de révolutions « démocratiques » à travers le Moyen-Orient qui permettraient d’isoler et affaiblir l’Iran : ils sont aujourd’hui enlisés en Afghanistan et l’Iran est plus fort qu’en 2003, se permettant de les défier sur la question du nucléaire. Plus qu’un retrait d’Irak, l’administration américaine redéploie son intervention militaire dans la région : les troupes américaines ont triplé en Afghanistan depuis le début du mandat d’Obama.Le seul moyen de rendre la région plus stable, c’est donc de construire un mouvement puissant qui revendique le retrait immédiat de toutes les troupes d’occupation et le droit à l’autodétermination des peuples. Vanina Giudicelli