L’Iran est en effet très impliquée en Syrie, mais également en Irak, au Liban et au Yémen. Mais l’objet principal de la visite concernait en fait les relations économiques entre l’Iran et la France.
Une économie en crise profonde
Depuis des dizaines d’années, une partie des revenus pétroliers considérables de l’Iran a été engloutie dans la quête d’une suprématie régionale. Le projet avorté d’acquisition de l’arme nucléaire a coûté, au bas mot, plus de 120 milliards de dollars pendant plus de 15 ans. À cela, il faut ajouter les milliards dépensés pour soutenir Bachar el-Assad.Pendant ce temps, l’appareil productif iranien a été laissé à l’abandon, devenu vétuste même dans le secteur de l’extraction du pétrole. Simultanément, le gouvernement a privatisé l’essentiel du secteur public et réduit de façon drastique les dépenses publiques non militaires.À cela s’ajoute l’effet des sanctions économiques occidentales de ces dernières années, sanctions qui ont touché les couches populaires de plein fouet.Résultat, l’économie iranienne est en pleine crise avec un taux de chômage de l’ordre de 25 %.
Polarisation sociale et répression
Dans une société gangrenée par la corruption, les grands bénéficiaires du système actuel sont la bureaucratie militaro-sécuritaire, les sommets de l’appareil religieux et les divers spéculateurs : immobilier, change de devises, pierres précieuses, importation massive de produits bon marché, marché parallèle... Et les grands perdants sont les 40 % de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté !Depuis janvier 2015 ont ainsi eu lieu plus de 2 000 exécutions de condamnés politiques et surtout de droit commun. Simultanément, le pouvoir et le patronat s’acharnent sur les travailleurs qui constituent des syndicats indépendants. Ils licencient systématiquement les porte-parole des grévistes, en procédant à leur arrestation pour « crime de sabotage économique »...
« Business is business »
L’économie iranienne a un besoin urgent d’investissements, et Rohani veut tenter de mettre en concurrence le patronat français avec d’autres capitalistes européens : les investissements français sont en effet loin derrière ceux de nombre de pays.De son côté, Hollande, le meilleur vendeur de Rafale, espère décrocher quelques contrats juteux. Et tant pis pour les droits civiques et politiques bafoués, les acquis sociaux menacés, la condition des femmes et des peuples kurdes, azéris, arabes et autres. Comme dit le vieil adage : dans les affaires d’argent, il n’y a pas de place pour les sentiments.Solidarité avec le peuple iranienÀ l’occasion de la visite du président iranien, la gauche iranienne en exil avait notamment appelé à un rassemblement à Paris, finalement annulé.De leur côté, la quasi-totalité des centrales syndicales françaises sont intervenues auprès d’Hollande et Fabius au sujet de la répression frappant le syndicalisme indépendant en Iran. Elles ont notamment insisté sur le cas de Mahmood Saléhi, condamné à 9 ans de prison pour activité syndicale. Souffrant d’insuffisance rénale sévère, sa vie serait en effet très clairement mise en danger si son emprisonnement, prévu fin novembre, n’était pas annulé.
Behrooz FarahanyExilé iranien, militant de l’association SSTI (Solidarité socialiste avec les travailleurs iraniens) http://www.iran-echo.comVersion longue de l’article disponible.