La journaliste et artiste kurde Zehra Doğan a été acquittée de toutes les accusations de « propagande terroriste » en raison du manque de fondement juridique de ces accusations à la suite de son nouveau procès.
Doğan, arrêtée le 23 juillet 2016 dans le district de Nusaybin à Mardin en Turquie, avait été condamnée à une peine de 2 ans, 9 mois et 22 jours de prison à la suite de ses publications sur les réseaux sociaux. Ces messages ont été considérés par les autorités turques comme de la « propagande pour une organisation terroriste [PKK] ».
Modifications de la loi
Après environ deux ans d’incarcération, Doğan avait été libérée. Les modifications ultérieures de la loi ont conduit à un appel devant la Cour suprême, qui a abouti à un nouveau procès devant le 2e tribunal pénal de Mardin.
Au cours de la procédure, le parquet a demandé l’acquittement de Doğan, affirmant que les accusations portées contre elle n’étaient pas reconnues comme des actes criminels au regard de la loi.
Elle avait été arrêtée à Nusaybin, une ville kurde martyre pilonnée et en partie détruite par l’armée turque, où elle faisait un reportage, et avait ensuite été incarcérée pour « appartenance à une organisation terroriste » et « propagande terroriste ». Doğan avait été libérée le 9 décembre 2016 par un tribunal de Mardin, mais condamnée à 33 mois de prison lors de l’audience finale du 2 mars 2017, pour avoir partagé ses peintures sur les réseaux sociaux. Profitant d’une libération momentanée, elle avait fui la Turquie et s’était réfugiée en Europe.
Procès de Kobané
Cette bonne nouvelle ne doit pas faire oublier les condamnations qui viennent de tomber dans le procès dit de « Kobané ». En 2014, alors que la ville de Kobané au nord-est de la Syrie était assiégée par Daesh, le HDP (Parti démocratique des peuples) avait appelé à des manifestations pacifiques de solidarité en défense de la ville. Ces manifestations avaient été attaquées par l’extrême droite nationaliste donnant lieu au saccage et à l’incendie de nombreux locaux du HDP. Poursuivies pour « pour meurtre, incitation à l’insurrection et atteinte à l’intégrité et l’indivisibilité du pays » de nombreuses personnalités et éluEs du HDP ont été condamnéEs à des peines extrêmement lourdes.
Selahettin Demirtas, l’ex-coprésident du HDP, déjà emprisonné depuis 2016, a été condamné à 20 ans de prison pour « aide à la perturbation de l’unité et de l’intégrité de l’État » et à 4 ans et 6 mois de prison pour « incitation à commettre une infraction ». Il a été condamné en outre à 2 ans et 6 mois pour son discours lors du Newroz le 21 mars 2016 et à 1 an et 6 mois pour « incitation à désobéir à la loi » lors de son discours à Diyarbakir le 29 février 2016. Un total de 42 ans et demi de prison !
Figen Yüksekdağ, 19 ans d’emprisonnement sans remise de peine. L’ancienne co-présidente du HDP est maintenue en détention. Mme Yüksekdag est condamnée à un total de 32 ans et 9 mois de prison.
Ahmet Türk, personnalité très connue et co-maire de la métropole de Mardin, qui vient d’être élu en mars à une très large majorité, a été condamné à dix ans de prison pour « appartenance à une organisation illégale ».
Ce ne sont que quelques exemples de la répression féroce exercée par le régime de l’AKP, le parti islamiste de RT Erdogan et du MHP, parti d’extrême droite, les fameux « Loups Gris ».
Pendant ce temps, que fait le gouvernement français ? Le parquet anti-terroriste ordonne des perquisitions et des arrestations de militantEs kurdes réfugiéEs en France, ordonne à la police belge de perquisitionner les locaux des télévisions kurdes à Denderlew, près de Bruxelles. Elle en profitera pour saccager les locaux et couper la possibilité d’émettre.
Le gouvernement français expulse des militants kurdes vers la Turquie sachant parfaitement qu’ils seront emprisonnés et torturés à leur arrivée.
Cette collaboration active avec un régime dictatorial qui emprisonne journalistes, écrivainEs, éluEs et militantEs politiques pour des décennies pour des délits d’opinion doit cesser tout de suite !