Près de 140 personnes ont trouvé la mort, le 22 mars, au Crocus City Hall à Krasnogorsk, non loin de Moscou, dans des circonstances dramatiques. Un attentat — le plus meurtrier contre des civilEs en Russie depuis vingt ans — revendiqué le jour même par l’EI (État islamique).
Pour les familles des victimes, à cette tuerie s’ajoute le cynisme du pouvoir russe et des médias à sa botte. Englué depuis des jours dans ce qui pourrait s’apparenter à un mensonge d’État, le pouvoir a d’abord parlé de « terrorisme international » en pointant l’Ukraine. Plusieurs médias russes ont relayé de nombreuses fausses informations en ce sens tout au long du week-end.
L’Ukraine de son côté a démenti, laissant entendre que Moscou avait fomenté l’attentat pour mieux l’accuser et justifier ses offensives. Une guerre peut en cacher une autre ! Celle de l’information, en l’occurrence.
Lundi 25 mars, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, restait prudent sur les responsabilités, tout en déclarant que la lutte contre le terrorisme « nécessite une coopération internationale totale » mais « n’existe pas du tout ».
Le directeur des services secrets russes, le FSB, accuse de son côté les services de renseignement ukrainien et occidentaux d’avoir facilité l’attentat du Crocus City Hall. Il n’est pas complètement établi que l’État islamique au Khorassan, qui visait la Russie dans sa propagande depuis des semaines, soit l’auteur de l’attentat. Le gouvernement américain avait néanmoins alerté début mars les autorités russes de la menace qu’il faisait peser.
Vladimir Poutine admet que l’attentat a été commis par des « islamistes radicaux », mais « ce qui intéresse [les Russes], c’est le commanditaire », en sous-entendant qu’ils pourraient avoir un lien avec l’Ukraine.
Des fronts militaires au front de la com’ et de l’info, la vérité est bien difficile à établir. Ces batailles, comme les attaques militaires qui redoublent sur Kyiv, vont à l’encontre de l’intérêt des peuples, des travailleurEs, contre toute possibilité d’autodétermination et de démocratie.