Publié le Mercredi 26 janvier 2011 à 13h40.

L’Algérie mobilisée dans le sillage de la Tunisie.

Samedi 22 janvier, une coordination comprenant le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) – un des principaux partis laïques d’opposition –, des syndicats autonomes, la Ligue de défense des droits de l’homme et des associations, appelait à une « marche pour la démocratie » à Alger qui devait se diriger vers le Parlement. Depuis l’irruption de la révolution tunisienne, le pouvoir de Bouteflika redoute par dessus tout une possible contagion. Il a donc interdit la manifestation et, la veille, quadrillé la capitale avec ses blindés comme cela ne s’était pas vu depuis longtemps. Le samedi, il a envoyé ses policiers et ses hommes de main en civil pour bloquer les cortèges. 42 manifestants ont été blessés, dont deux grièvement. La manifestation demandait la levée de l’état d’urgence – en place depuis 1992 –, l’ouverture démocratique, en particulier des médias, et la fin du système de corruption des dirigeants. L’accaparement des richesses par une minorité corrompue n’a rien à envier à ce qui se faisait en Tunisie. En Algérie, les proches du pouvoir et les officiers supérieurs ont un contrôle personnel sur la rente pétrolière et le commerce extérieur. De plus, avec les nouvelles mesures économiques libérales, un « marché informel » s’est créé où règne une mafia tenue par des civils ou des militaires.Cette manifestation était la première réaction de mobilisation politique après les journées d’émeute des jeunes, entre le 5 et le 19 janvier, révoltés contre la misère et l’absence de démocratie dans le pays. Le gouvernement avait essayé de faire tomber la pression en annonçant une baisse des produits de première nécessité (huile et sucre). Mais les difficultés économiques continuent d’être insupportables. En deux semaines, huit Algériens se sont immolés par le feu (un seul est mort). Parmi eux, des jeunes chômeurs, des pères désespérés de ne plus pouvoir faire vivre leur famille et une femme qui s’est vu refuser un logement. Face à ces actes de désespoir qui suscitent une grande émotion dans le pays, le pouvoir n’a pas eu le moindre mot de compassion. Une nouvelle marche est prévue le 9 février.