La Guadeloupe dont Désirade, Marie-Galante et les Saintes, la Guyane, la Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin, toutes colonies françaises en Amérique tropicale se trouvent dépourvues face à l’épidémie du Covid-19.
Le démantèlement capitaliste de la sécurité sociale et la politique de santé publique laissent de grandes failles dans tout ce qu’il y aurait à mettre en place face à la pandémie qui, pour le moment, n’a pas encore la fureur qu’elle connaît en Europe et en Amérique du Nord. Dans tous les territoires cités, plus encore que dans la métropole coloniale, on fulmine contre la situation qui a accentué le manque de lits, de personnel infirmier, d’équipements incontournables pour les actes d’intervention, du petit matériel médical indispensable.
Pénurie généralisée
Les soignantEs n’ont pas suffisamment de médicaments, de literie, d’outils simples comme les gants, les blouses ou les masques, etc. Nos luttes de toutes les décennies précédentes n’ont pas abouti à nous prémunir contre la catastrophe qui vient. En Guadeloupe, le CHU de Pointe-à-Pitre, déjà fortement démuni et fortement vieilli, émerge difficilement de l’incendie de l’an dernier. Pour le reste de l’île, en pleine arrivée du Covid-19, on n’a pas résolu le problème d’approvisionnement en eau, dont les coupures et les nombreux jours de non-distribution ne facilitent pas les gestes d’hygiène obligatoires. Désastre aussi, en Guyane, pour le CHU de Cayenne, tandis que les autorités du centre hospitalier de Kourou ne cessent de se féliciter d’un don que leur ferait une grosse entreprise située en Italie, face au sous-équipement crucial de l’établissement. En Martinique, le CHU de Fort-de-France fait des appels aux dons de la population pour des masques. Le centre hospitalier de Grand-Bourg à Marie-Galante ne finit pas de dire sa détresse quand bien même la médecin-cheffe, elle-même maire de Grand-Bourg fait face avec énergie. L’île de Saint-Martin vit le dénuement avec son hôpital de Marigot qui se relève durement du cyclone Irma d’il y a deux ans et demi. La très petite île de Saint-Barthélemy, enclave de tourisme de très grand luxe, avec ses 9 000 habitantEs, a confiné strictement sa population et a acheté massivement des tests et des masques pour ne pas laisser échapper la manne qui nourrit ses dirigeants économiques. Elle prétend se sortir de l’épidémie au plus vite. C’est, à contrario du discours officiel, la preuve par cette bourgeoisie macroniste de ce qui pouvait être fait pour toutes les populations antillaises et guyanaises.
Réactions militantes
Toutes ces îles et États de la région des Caraïbes souffrent de la politique touristique des mastodontes bateaux de croisière, venant tout à la fois des USA, d’Allemagne, des Pays-Bas mais surtout d’Italie avec ses Costa croisières et MSC aux prix les plus bas. Ce tourisme débridé devient une aubaine pour les classes possédantes des îles de la Caraïbe, qu’elles soient francophones, anglophones, hispanophones ou néerlandophones. Ce sont, en particulier, leurs croisières qui ont accéléré la diffusion des germes du coronavirus à partir des porteurs asymptomatiques ou finalement malades venant d’Allemagne ou d’Italie. Une autre origine de la propagation du virus a été celle de ces Antillais revenant du rassemblement évangélique de Mulhouse du mois dernier. Les autorités coloniales françaises sur place (leurs préfets et directeurs de l’ARS) ont voulu faire comme leur gouvernement de Paris et ne pas prendre en main la situation.
Les milieux militants ont réagi, dont les associations qui se mobilisent contre le chlordécone avec en Martinique, le Lyannaj pou dépolyé Matnik, ou le Zéro chlordécone, Zéro poison ou les dynamiques militants activistes Rouge-Vert-Noir, et en Guadeloupe avec l’UGTG et son leader Élie Domota. Les lettres ouvertes, les démarches judiciaires, les blocages des ports et aéroports, l’exigence du dépistage des arrivées de voyageurs et voyageuses, les interpellations des élus, la mise en place d’initiatives de solidarité pour aider la petite paysannerie, pour le ravitaillement de la population et le portage des repas, pour l’obtention de plus de moyens pour les hôpitaux, ont fleuri. Pour le moment, après trois semaines de confinement, les chiffres de personnes atteintes et de morts sont encore plus faibles que ce qu’on observe en Europe. La population attend le pic pour plus tard que la France, on se prépare. Des masques, des gants, des tests pour touTEs, des médicaments et la venue des médecins cubains sont exigées par tous et toutes. D’ailleurs le tribunal administratif de Basse-Terre en Guadeloupe a donné raison à la pétition de l’UGTG : le CHU de Pointe-à-Pitre a été mis en demeure de faire face à tous ces besoins. Le gouvernement français a fait appel et obtenu le rejet de la condamnation. Par contre, il n’a pu qu’accélérer la possibilité de la venue des médecins cubains.