Publié le Lundi 28 septembre 2009 à 15h49.

L’Etat policier en action à Pittsburgh pendant le G20 (par Sophie Perchellet, www.cadtm.org)

A l’instar des derniers sommets de chefs d’Etat comme celui de l’OTAN à Strasbourg en avril 2009, Pittsburgh qui accueillait le G20 fût sous haute surveillance.

Prétextant une possible attaque terroriste, le quartier ou les grands dirigeants de ce monde se sont rassemblés est totalement bouclé par les forces de l’ordre. Les commerces et les écoles sont fermés par mesure de sécurité. La ville ressemble à une ville fantôme ou personne ne rentre sans autorisation. Les points d’accès (pont et routes) sont barrés par les forces de l’ordre et le ciel est surveillé par des avions militaires et des hélicoptères.

Durant tout le sommet, des bruits de sirènes se font entendre jour et nuit. Pour l’occasion, 18 millions de dollars seront dépensés pour que 4 000 policiers fédéraux[1] se joignent aux 900 policiers de Pittsburgh. Ceux-ci largement équipés ressemblent au célèbre « Robocop » hollywoodien.

Aucun acte terroriste n’étant survenu, les forces de l’ordre ont vite trouvé comment s’occuper et cela dès le jeudi ou la première manifestation débute. Un groupe de manifestants décide de se rassembler pour protester malgré l’interdiction émise par la ville et se rejoignent dans un parc. Se décrivant eux même comme des anarchistes, le porte parole du collectif « résistance au G20 » Noah Williams déclarera que « l’on n’a pas besoin de demander l’autorisation des gens au pouvoir pour manifester. On ne va pas mendier auprès de ceux qui ont le pouvoir. On se fabrique notre propre pouvoir ».

Peu de temps après le début du rassemblement, des véhicules militarisés annoncent l’illégalité de ce rassemblement et demandent aux manifestants de se disperser. Ceux-ci n’obéissant pas, ils seront dès lors attaqués et lorsqu’il s’agit de remettre de l’ordre, les forces de police n’y vont pas de main morte. Comme on a pu le voir sur de nombreuses vidéos disponibles sur internet ou reprises par les médias traditionnels, le maintien de l’ordre se fera à l’aide d’armes dites non létales, si chères à la défense étasunienne. Du gaz lacrymogène, du gaz au poivre ou encore des canons à ultra son, tout est bon pour disperser la foule et tous ces moyens seront utilisés[2].

Le soir, un autre rassemblement spontané aura lieu sur le campus de l’université de Pittsburgh. Les manifestants sont surtout des étudiants et de petits groupes de contestataires les rejoindront. Seulement cette fois, les forces de l’ordre seront « moins cool » que le jour. Déclarant encore une fois ce rassemblement illégal, les forces de l’ordre vont cette fois s’en prendre à toutes les personnes ayant le malheur d’être là en les aspergeant de gaz lacrymogène ou de gaz au poivre. Peu importe s’ils sont là pour la manif ou bien juste de passage, tout le monde sera mis dans le même sac ! Une vidéo montrant des étudiants pris au piège par les forces de l’ordre dans les escaliers d’un immeuble est mise en ligne sur Youtube[3]. On y voit que la police ou plutôt la police militarisée les maintient dans les escaliers alors même qu’ils les aspergent de gaz. Dans la rue, l’ambiance s’échauffe. Dans un même temps un peu plus loin, des vitrines de commerces ou de banques volent en éclat et 42 arrestations seront faites.

Le maire de ville en campagne pour sa réélection, Luke Ravenstahl déclarera qu’il est fier du travail effectué par ses hommes[4].

Le vendredi fut le jour de la marche officielle autorisée par la ville. Rassemblant environ 10 000 manifestants tout se passa dans le calme et le cortège fut stoppé à quelques mètres de l’endroit où les chefs d’Etats étaient rassemblés. Les manifestants ont différentes revendications mais tous marchent dans le calme. Le collectif « résistance au G20 » fera sa marche parallèlement au cortège principal en manifestant lui contre les grandes multinationales tels Mc Donald’s, Starbuck ….

Enfin, le vendredi soir, de nouvelles échauffourées éclatent entre les forces de l’ordre et des manifestants près de l’hôtel Schenley. Environ 110 personnes seront arrêtées portant le nombre total d’arrestation aux environ de 200 personnes pour toute la durée du Sommet. Les forces de l’ordre ont tiré des « bean bags », des billes de plastique, pour disperser une quarantaine de protestataires réunis sur une place pour un « rassemblement contre la brutalité policière » organisé via le site de microblogging Twitter. Plusieurs centaines d’étudiants étaient sortis de leurs dortoirs situés à proximité pour regarder les incidents et ont également reçu l’ordre d’évacuer les lieux. La police a utilisé du gaz au poivre et un appareil acoustique émettant des sons insupportables pour l’oreille afin d’obliger les étudiants à quitter la place.

Ce sommet n’a laissé que très peu de place à la contestation dûment réprimée. Nous retiendrons l’agressivité des forces de polices étasuniennes lorsqu’il s’agit de maintenir des contestataires au silence et leur inquiétante militarisation. Plusieurs représentants de mouvements sociaux accusent la police d’avoir eu un comportement disproportionné et ils ont raison.

En traitant les manifestants comme des criminels, la démocratie étasunienne a montré son vrai visage.

Le 28 septembre 2009.

Des photos de ce sommet sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.wpxi.com/slid…

[1] http://www.lemonde.fr/am…

[2] http://www.wpxi.com/poli…

[3] http://www.youtube.com/w…

[4] http://www.wpxi.com/poli…