Samedi 23 février, les drones étatsuniens « Predator » sont entrées en action dans le nord du Mali. Ces drones, stationnés depuis plusieurs semaines sur une base américaine à Niamey (qui risque fort de devenir permanente au nom de la « lutte antiterroriste dans le Sahel »), ont été utilisés pour frapper des combattants djihadistes, à l’appui de l’action des armées française et tchadienne dans le massif des Ifoghars (entre Kidal et la frontière algérienne). Ce coin désertique et montagneux reste depuis plusieurs semaines interdit à l’armée malienne elle-même. Dans cette zone, le combat contre les groupes djihadistes est pour le moment réservé aux troupes françaises, tchadiennes ainsi qu’aux membres armés du MNLA (« Mouvement national de libération de l’Azawad »). Ce mouvement indépendantiste touareg avait été initialement soutenu par la France qui cherchait à l’utiliser comme une force supplétive pour « sécuriser » ses intérêts économiques et stratégiques au nord du Sahel. Or, le MNLA avait noué une alliance stratégique, pendant le premier semestre 2012, avec des groupes djihadistes pour élargir son champ d’action militaire. Sa direction en a payé un prix lourd, puisque les djihadistes ont rompu l’alliance et contraint les dirigeants MNLA à se réfugier au Burkina Faso fin juin 2012. Depuis, elle cherche à tout prix à revenir dans le jeu, proposant son aide militaire à la France pour combattre au Nord-Mali. Dans le nord-est du pays, ses soldats combattent désormais avec les troupes françaises… alors que l’armée de Bamako reste exclue du terrain. Ce qui nourrit dans l’esprit de beaucoup de Maliens une vive crainte pour l’après-guerre, puisqu’ils soupçonnent la France de vouloir ensuite entretenir les divisions du pays.La dictature tchadienne renforcéeLes troupes tchadiennes, 2 000 hommes sur le sol malien, jouent actuellement un rôle non négligeable. Le week-end dernier, l’armée tchadienne a ainsi annoncé avoir tué 65 djihadistes, mais aussi compté 13 morts dans ses rangs. Deux morts français depuis le début de l’intervention et, pour les djihadistes, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a évoqué « des centaines » de tués. Le nombre de civilEs, tuéEs ou blesséEs au titre de « dommages collatéraux », reste inconnu et la presse (y compris française) n’a aucun accès libre au terrain…Vu l’investissement de l’armée tchadienne, dont le contingent est le plus fort sur le terrain à côté des 4 000 Français, force est de constater que la dictature d’Idriss Déby aura racheté les faveurs de la France. Ainsi, l’un des pires régimes de la région, qui est entre autres un grand utilisateur d’enfants-soldats, risque fort de sortir stabilisé de la guerre actuelle au Mali.Bertold du RyonNigeria : misère, crimes et djihadismeL’enlèvement de sept ressortissantEs françaisEs, dont quatre enfants, dans le nord du Cameroun près de la frontière nigériane met sur le devant de la scène française le groupe Boko Haram. En effet, cet acte odieux s’est passé à 200 km de Maiduguri, fief de la secte islamiste.Même si les ravisseurs s'en revendiquent, rien n’indique de façon sûre que le rapt de cette famille a été effectué par des groupes islamistes. Au Nigeria, « l’industrie » de l’enlèvement et des rançons s’est largement développée, révélateur d’un pays qui s’enfonce dans le délabrement. Si le Nigeria est le premier exportateur africain de pétrole, la situation est une des plus catastrophique. La répartition des richesses est totalement inégalitaire, entraînant une frustration d’une jeunesse minée par le chômage. C’est sur ce terreau que Boko Haram, en langue haoussa « l’éducation occidentale est interdite », créé au début des années 2000, s’est développé. Au départ islamiste fondamentaliste, la répression qui s’est abattu sur l'organisation – en 2009, des centaines de morts et l’assassinat de son leader Mohamed Yusuf – a contribué à sa radicalisation. Depuis, cette secte qui se fixe comme objectif l’instauration de la charia dans le pays, n’hésite pas à fomenter des attentats sanglants contre les chrétiens, entraînant une répression aveugle de l’armée nigériane. Ainsi, une spirale de violence déborde les frontières du pays, des militants de Boko Haram renforçant les effectifs djihadistes du Nord-Mali.Pour les analystes financiers occidentaux, le continent africain fait bonne figure, puisque sa croissance est prévue autour de 5 % pour 2013. Mais ces chiffres cachent mal le dénuement de centaines de millions d’Africains dont, faute de perspectives, certains se réfugient dans les sectes religieuses.Paul Martial
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