Publié le Vendredi 11 mars 2011 à 21h19.

Mandat d’arrêt européen : la répression continue au Pays basque

Après la semaine de mobilisation à Ispoure et la déclaration des éluEs sur leur volonté d’héberger les huit jeunes militants de Segi (lire Tout est à nous ! n° 92), la répression s’est très vite organisée. La police française a immédiatement fait son sale boulot. Dès le lundi 28 février, elle a interpellé quatre de ces jeunes en pleine rue à la suite d’une filature bien organisée afin d’éviter qu’il y ait trop de témoins.

En réponse à ces rafles, le collectif contre le mandat d’arrêt européen (MAE) a organisé le soir même des rassemblements de colère en particulier devant le consulat espagnol de Bayonne et appelé à une conférence de presse le 2 mars avec les éluEs et les jeunes qu’ils hébergaient. Sur le chemin de la conférence de presse, une première voiture conduite par un élu a été arrêtée par trois véhicules de police d’où sont sortis des hommes cagoulés et armés. Face à la réaction des éluEs présentEs, la police a répondu par les injures et la violence. Les deux jeunes présents ont été arrachés de la voiture et les éluEs menacéEs par des armes. Deux des policiers parlaient avec un fort accent espagnol, ce qui signifie bien que ces chasses à l’homme sont le fruit d’un travail étroit entre les États français et espagnol. La conférence de presse s’est donc déroulée avec un seul des jeunes de Segi entouré par les éluEs et le collectif contre le MAE. Ceux qui y participaient ne se faisait guère d’illusion sur la suite des événements. Sachant que la police allait arrêter le militant de Segi, le collectif a demandé aux journalistes présents de suivre avec leurs véhicules la voiture qui le ramenait. À la sortie de Bayonne, la police a intercepté le véhicule où était ce militant. Les policiers en ont explosé les vitres et ont brutalisé une conseillère municipale et une conseillère régionale devant les caméras et les journalistes. C’est avec une violence inouïe que ces arrestations ont eu lieu, violence qui n’est pas sans rappeler les passages sombres de l’histoire de la police française.À ce jour, il ne reste qu’une militante de Segi hébergée chez un élu ; son domicile est cerné par la police qui pour le moment n’est pas intervenue, ne voulant certainement pas se retrouver à la une des journaux et passer sur les écrans des télévisions locales. Face à cette répression, la résistance s’organise et s’intensifie. Samedi 5 mars, une chaîne humaine de deux kilomètres a été organisée pour dénoncer le MAE et revendiquer le droit de penser, d’agir et de militer. 2 000 personnes sont descendues dans la rue et ont appelé à l’abrogation du MAE. Le 8 mars nous étions à Pau pour soutenir les militants de Segi qui passaient au tribunal avant une expulsion certaine vers l’Espagne où ils risquent douze années de prison.Ces arrestations successives montrent bien la volonté des États français et espagnol d’user quand ils le désirent du MAE pour réprimer celles et ceux qui remettent en question la politique qu’ils nous imposent. Alors que l’ETA a déclaré une trêve générale et illimitée, alors que le mouvement politique basque s’est prononcé pour une résolution pacifique du conflit, les gouvernements français et espagnol prennent la lourde responsabilité de continuer et d’intensifier la répression contre le peuple basque comme s’ils souhaitaient que cette sale guerre continue. Notre combat contre le MAE, pour faire respecter les droits démocratiques et en particulier le droit à l’autodétermination pour les peuples qui le désirent, doit être le combat de chacunE d’entre nous. C’est en généralisant cette lutte que nous gagnerons. Francis Charpentier