Un an après les élections municipales et aux parlements de dix des 17 communautés autonomes espagnoles, ainsi que de deux villes autonomes, c’est au tour de la Galice, de la Catalogne et du Pays basque d’élire leurs parlements.
Les Eskualdunak (basques) ont élu dans les trois provinces d’Hegoalde (Pays basque sud) les 75 députéEs du parlement autonome, qui nomment le lehendakari, le chef du gouvernement de la communauté autonome du Pays basque espagnol, lequel compose un gouvernement.
2022-2023 : chute du PSOE, victoire du PP
Les élections des communautés autonomes se tiennent entre 2022 et 2024. Celles de 2022 ont été marquées par la victoire du Partido Popular (droite conservatrice) en Castilla-y-Léon et en Andalucia, cette tendance s’est confirmée en 2023 par la victoire du parti conservateur qui passa de 3 à 10 autonomies. Le PSOE alors au pouvoir au niveau national perd 6 autonomies et en conserve 3. Le Partido Regionalista de Cantabria (gauche autonomiste), allié au PSOE, perd la direction de la Cantabrie. Ciudadanos (libéraux) perd la ville autonome de Melilla, et la Coalición Canaria (droite indépendantiste) arrive au pouvoir aux Canaries. Le Partido Popular n’est pas le seul vainqueur, il a choisi de cogérer 5 autonomies avec le parti d’extrême droite Vox, et ce, dès 2022 aux élections de Castilla-y-Léon. Podemos disparaît à l’échelle régionale.
2024 : trois dernières élections autonomes
Si aux législatives le Partido Popular a aussi progressé (de 89 à 137 députéEs), il n’a pas pu obtenir une majorité au parlement et n’a pas conclu d’alliance avec Vox. Le PSOE a pu se maintenir au pouvoir via une ample coalition regroupant Sumar (gauche réformiste) et différents partis indépendantistes. En 2024, le scrutin en Galice, au Pays basque et en Catalogne allait être scruté. La Galice a confirmé certaines tendances électorales : un Partido Popular qui se maintient, un PS qui résiste, Podemos qui s’effondre en faveur du Bloque Nacionalista Gallego (gauche indépendantiste) arrivé second à ce scrutin.
En Eskual Herria, c’est EH Bildu qui progresse. Créée en 2011 après plus d’une décennie d’interdictions des partis de gauche indépendantistes, EH Bildu — accusé d’être proche d’ETA (Euskadi ta Askatasuna) — s’est progressivement imposé sur la scène politique basque et espagnole. 2023 fut l’année de nombreuses victoires pour le parti indépendantiste basque : une centaine de mairies au Pays basque et en Navarre aux municipales, dont celle d’Iruña/Pampelune avec l’aide du Parti socialiste, 2e aux législatives devant EAJ/PNV (droite indépendantiste), 2e aux élections générales du Pays basque.
Le résultat des élections du dimanche 21 avril a été une réelle surprise, avec une égalité entre EAJ/PNV, le parti indépendantiste historique et hégémonique, et EH Bildu. Chacun a remporté 27 sièges au parlement autonome basque. EH Bildu est arrivé premier dans deux provinces : l’Alava et Gipuzkoa, tandis qu’EAJ/PNV conserve son bastion en Bizkaia.
Un PSOE qui reste central pour les indépendantistes
Cependant, grâce aux 12 éluEs du PSOE, EAJ/PNV sait qu’il pourra conserver l’autonomie basque, le PSOE et EAJ/PNV se refusant à toute alliance locale avec EH Bildu, agitant le spectre d’ETA pour refuser de gouverner avec elleux. Les législatives de 2023 comme les élections dans l’autonomie basque ont été marquées par des attaques de la droite et de l’extrême droite contre le vote indépendantiste. Le PSOE a été accusé par la droite et l’extrême droite de vouloir vendre et découper l’Espagne, tandis qu’EH Bildu est sans cesse renvoyé à ETA, notamment le 14 avril 2024 où Pello Otxandiano, tête de liste d’EH Bildu, s’est retrouvé au cœur d’une polémique après avoir refusé de qualifier ETA de « terroriste » et avoir mis deux jours pour s’excuser auprès des victimes et leurs familles.
Le 12 mai prochain, la Catalogne devra élire ses parlementaires, l’Esquerra Republicana Catalanya (gauche indépendantiste) et Junts (droite indépendantiste) s’affronteront après avoir rompu leur alliance locale en 2022. Le PSOE est cependant assuré de leur soutien au niveau national, alors que fin mai/début juin aura lieu au parlement espagnol le vote de la loi d’amnistie pour les inculpés du référendum de 2017 sur l’indépendance de la Catalogne.