Publié le Lundi 25 juillet 2011 à 20h16.

Mobilisation en Corse contre la loi Bachelot

Depuis plusieurs semaines, les travailleurs du secteur de la santé sont en lutte en Corse. L’ARS est occupée et les assemblées générales discutent d’un mot d’ordre de grève générale pour la rentrée. Entretien avec Serge Vandepoorte de l’organisation nationaliste A Manca.

Sur quelles revendications la mobilisation a-t-elle démarré ?Lors de la parution des prévisions budgétaires annoncées par le directeur de l’agence régionale de santé (ARS), des contre-propositions ont été élaborées par le secteur santé du Syndicat des travailleurs corses (STC). Cette liste comprend trois points fondamentaux : des mesures justes de correction entre le coût des prestations dispensées par les établissements publics et leurs paiements réels par les organismes d’assurance maladie (taux correcteur) ; le financement des lits médicalisés destinés à l’accompagnement des personnes âgées ; la préservation du patrimoine de l’hôpital d’Ajaccio. Pour toute construction d’un hôpital neuf ou des rénovations, le financement est supporté à 50 % par l’établissement, par l’emprunt et la vente du patrimoine. Comment la mobilisation a-t-elle évolué ?Dès les premiers contacts, le directeur de l’ARS se bornait à ses chiffres, sans dire que, depuis 2009, des sommes budgétées étaient toujours impayées par l’ARS et qu’elles étaient intégrées dans les nouvelles enveloppes. D’une occupation symbolique de l’ARS, le STC est passé, dès le début du mois de mai, à l’occupation nuit et jour. La direction du STC a soutenu le conflit de bout en bout. La CFDT ne s’y est pas associée. La section FO de l’hôpital de Bastia s’est engagée contre l’avis de l’union départementale de Corse du Sud. La CGT s’est mobilisée sans participer à l’occupation. Le Syndicat national des cadres hospitaliers a rejoint le conflit sans participer non plus aux occupations. Des sections syndicales d’autres branches sont venues en soutien. Lors de l’occupation, et encore aujourd’hui, des assemblées générales se sont déroulées. Des comptes rendus sur les contacts avec les politiques, la préfecture et le ministère sont faits par les responsables désignés. Les modalités d’action et toutes les réponses à donner sont débattues et font l’objet de votes dans les AG. Les mots d’ordre des deux manifs (1 500 et 3 000 personnes) et l’organisation de celles-ci sont également arrêtés en AG. Après l’évacuation des locaux à la fin du mois de juin par les gardes mobiles et la BAC, nous nous sommes repliés sur les hôpitaux dont les administrations sont bloquées. Comment les partis politiques ont-ils réagi ?La gauche aux manettes de l’Assemblée régionale s’est associée à la motion de soutien votée à l’unanimité des groupes, droite y compris ! Hélas la représentante de la gauche (PCF) s’est satisfaite de la proposition d’un taux à 7 % proposé par l’ARS alors que l’Assemblée de Corse avait voté la motion sur la base d’un taux correcteur à 15 % ! Les nationalistes ont soutenu le mouvement. Les travailleurs n’attendront pas les prochaines élections pour tenter de faire aboutir leurs revendications. Ceux des politiques qui escompteraient récupérer le mécontentement dans les urnes, attendront. Quelles place et propositions d'A Manca ? Quelle analyse ?A Manca a fait parvenir une lettre ouverte à tous les groupes politiques et aux syndicats en proposant les modalités d’une mobilisation. Les syndicats se sont montrés réceptifs. Pas de réponse du côté des politiques. Les militants de la Manca ont été, avec leurs moyens, de toutes les initiatives à tous les moments du conflit. Nous avons sorti du matériel pour aider aux dynamiques en mettant l’accent sur la responsabilité politique du gouvernement Sarkozy/Fillon et de l’UMP.  Quelle perspective pour la poursuite du mouvement ?Aujourd’hui l’ARS ne peut plus aller dans les établissements. L’idée de la grève générale commence à germer. Une pétition est diffusée afin de mobiliser la population. Une première journée interprofessionnelle avec mot d’ordre de grève générale dès la rentrée est mise aux débats. En articulant les revendications spécifiques de chaque secteur avec des revendications qui fédèrent les salariés. L’irruption de jeunes au sein des syndicats donne un souffle et peut sensibiliser d’autres secteurs de la jeunesse. Souhaitons que la mobilisation corse donne des idées ailleurs.

 Propos recueillis par Daniel Desmé , membre de la direction d’A Manca