Dans la liste des sabreurs patentés, invités ou pas par le gouvernement français, qui se sont rendus à la « marche contre le terrorisme » dimanche 11 janvier à Paris, Benjamin Netanyahou occupait une place de choix. Assassin du peuple gazaoui, sa visite ne pouvait que raviver le ressentiment de toutes celles et tous ceux qui ont bravé cet été les interdiction à manifester leur soutien à la Palestine, une nouvelle fois martyrisée.
Le journaliste israélien Uri Avnery avait coutume de dire qu’« Israël est la plus grande fabrique de virus de l’antisémitisme dans le monde ». La visite du Premier ministre israélien à Paris à l’occasion des obsèques des victimes de l’attentat antisémite de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, vient une nouvelle fois lui donner raison. S’exprimant déjà avant son départ pour Paris, le bourreau de Gaza exhortait par deux fois les juifs de France à faire leur « Alya », c’est-à-dire quitter le pays pour venir s’installer en Israël, au mépris des règles diplomatiques les plus élémentaires. Lundi 12 janvier devant le CRIF, le Consistoire et le Fonds juif social unifié, il récidivait, osant déclarer que la situation des juifs dans la France actuelle pouvait être comparée à celle des juifs espagnols avant l’Inquisition de 1492 ! De tels propos visant à créer un vent de panique, ne pouvaient qu’embarrasser le gouvernement français, qui malgré son engagement inconditionnel derrière l’État sioniste, s’est vu contraint, par la bouche de Manuel Valls, de réaffirmer, certes timidement, que les juifs de France avaient pour vocation d’y rester et que leur sécurité y serait assurée.
Des propos plus que timides lorsque l’on connaît les conséquences pratiques que pourraient avoir une migration massive de juifs français vers Israël. Ceux-ci iraient pour la plupart peupler les colonies existantes de Cisjordanie et en ouvrir de nouvelles, au détriment des intérêts du peuple palestinien et des partisans de la paix. Que ne dirait-on pas si un autre chef d’État (par exemple d’un pays arabe) exhortait les binationaux à en faire autant ?Les problèmes arrivent ?Derrière les propos de Netanyahou se cache un véritable problème pour l'équipe dirigeante israélienne : les chiffres d’Israéliens quittant le pays ne cessent d’augmenter, et le nombre d’arrivants ne suffit plus à combler le déficit, mettant ainsi à mal tout nouveau projet de colonisation.
Leurs problèmes ne s’arrêtent pas là. Outre la campagne BDS dont les effets grandissent, c’est sur le front de la justice internationale que les choses s’accélèrent. Suite logique de l’adhésion de l’Autorité palestinienne au statut de Rome permettant à celle-ci d’engager dès le 1er avril prochain des poursuites contre Israël, la Cour pénale internationale de La Haye s’apprête à ouvrir un examen préliminaire sur les crimes de guerre présumés avoir été commis depuis l’été dans les territoires palestiniens.Ne rêvons pas trop, Israël possède de solides appuis dans la « communauté internationale » pour retarder, voire annuler la procédure, et déjà Avigdor Lieberman, aussi venu en visite à Paris, a prévenu : « nous demanderons à nos amis du Canada, d’Allemagne et d’Australie de ne plus financer la Cour pénale internationale ».
Les élections à la Knesset, qui doivent se dérouler le 17 mars prochain, risquent fort d’être instrumentalisés par ces nouveaux éléments.
Alain Pojolat