Les enseignants d’Oman étaient en grève tout au long du mois d’octobre. Leurs revendications, qu’ils avaient déjà émises lors de mouvements antérieurs en 2011, ont été présentées sur les réseaux sociaux, faute de syndicat...
Ces revendications tournent autour de l’avancement à l’ancienneté, la revalorisation salariale, deux mois de congés payés, une assurance santé, une diminution des heures de cours, le refus de la la non-mixité, et la rédaction d’un protocole définissant la fonction enseignante, qui relève aujourd’hui du service civil, en vertu de l’article 12 de la Loi fondamentale, ainsi qu’une représentation syndicale aujourd’hui inexistante.Au 1er octobre, 743 écoles étaient en grève sur 1047, soit 70 % des 50 000 enseignants qui venaient dans les écoles et renvoyaient les élèves à la maison. Du côté du pouvoir, il y eut tout d’abord l’exhortation à la patience et les engagements télévisés de Madiha Chaïbani, la ministre de l’Enseignement et de l’Éducation, à élaborer une loi « dans le futur ». Les membres de la commission de l’enseignement du conseil de la Choura se déclaraient de leur côté sensibles aux revendications. Lors de la rencontre au ministère, il y a eu des promesses, notamment sur l’avancement, des équipements de salles de sport, les hausses des salaires, et le refus de la non-mixité ou de la baisse des heures de cours. Une nette préférence de dotations fut promise aux écoles de la capitale, Mascate, de l’avis de nombreux enseignants.
Contre les pressions et le blackoutL’enseignement étant considéré comme une « mission », plus que comme un emploi, nombreuses furent les voix qui incitèrent à mettre fin à la grève. Au bout de trois semaines, le ministère annonça des sanctions administratives et légales de rétorsion, prévues par les articles 106 et 116 de la loi du service civil relative aux devoirs des fonctionnaires, puis revint dans un second temps sur les retenues sur salaires. Plsuieurs directeurs d’écoles furent néanmoins interpellés.Cette grève inédite de par sa longueur aura longuement marqué le débat, essentiellement sur les réseaux sociaux. Les enseignants ont le sentiment d’avoir fait passer le message et durablement marqué les esprits, en dépit du blackout médiatique, de la campagne orchestrée contre eux dans l’opinion publique et de l’absence de solidarité internationale.Sans piper mot de la grève, et à la veille du 43e anniversaire du règne du Sultan, les dirigeants ont fait des annonces successives. Lors de la 3e conférence de l’Unesco, la ministre de l’Enseignement a annoncé la refonte des structures éducatives. Puis le Sultan Qabous a émis un décret (qui a force de loi) devant prendre effet en 2014 prévoyant l’unification des échelons et des salaires des fonctionnaires — soit une hausse des salaires pour les enseignants —, ainsi qu’une unification des régimes de retraite. La joie est mitigée, car ces augmentations n’avaient pas été prévues dans le budget 2014 et un alinéa les conditionne aux revenus du pétrole… Et pour s’assurer qu’il n’y ait pas de mauvaise surprise de ce côté-là et parer à toute éventualité, le ministre de la Main-d’œuvre, a émis un décret interdisant la grève « dans les institutions qui fournissent des services publics ou essentiels pour le public ou dans les institutions pétrolières, les raffinerie les ports et les aéroports », soit les secteurs les plus combatifs depuis que la contestation ne cesse plus dans le Sultanat, à savoir janvier 2011.
Luiza Toscane