Alors que le Japon reste plongé dans la crise, nous faisons le point sur la campagne de solidarité.. Deux titres d’articles publiés dans le Monde du 12 avril résument bien la situation dans l’archipel : « Un mois après le tsunami, le nord-est du Japon offre toujours l’image du chaos » ; « Autour de Fukushima, la contamination est aussi forte qu’à Tchernobyl par endroits ». La région sinistrée continue d’être frappée par des répliques du tremblement de terre. La crise nucléaire est loin d’être jugulée. Outre les logements, un très grand nombre d’entreprises ont été détruites, ou bien se trouvent en zones contaminées par la radioactivité. Sur de vastes territoires, les terres agricoles sont devenues impropres à la production. Le spectre du chômage de masse hante les survivants de la catastrophe du 11 mars. Sur le front antinucléaire, de premières manifestations numériquement importantes ont eu lieu au Japon le week-end dernier, avec 17 500 personnes mobilisées en deux cortèges à Tokyo, le 10 avril. De même, des associations se créent pour effectuer des mesures indépendantes de la radioactivité. L’urgence de la solidarité ne se dément pas. Les fonds que nous collectons sont destinés à la coordination syndicale « nord-est » du Conseil national des syndicats (NTUC). Dans un message publié le 1er avril et dont nous venons de recevoir la traduction1, cette dernière remercie ses « amis japonais et internationaux » pour « l’aide solidaire et les encouragements » reçus. Elle fait le point de ses activités. Dans un premier temps, l’organisation des secours matériels était impossible, faute de stocks disponibles et de carburant pour les déplacements. La coordination syndicale a d’abord vérifié que ses membres et leurs familles étaient en vie (certains ont perdu leur lieu de résidence). Puis elle a commencé à distribuer des biens spécifiques : huile de chauffage pour les personnes âgées et autres foyers démunis, chaufferettes électriques là où se trouvent des bébés pour faire bouillir l’eau tant que les circuits de gaz n’ont pas été rétablis, dynamos pour équiper des centres d’évacuation sans électricité... Les membres du NTUC participent aussi à la remise en état de maisons qui avaient été envahies par les eaux lors du tsunami. Avec la fourniture de carburant et le ravitaillement des commerces, le NTUC déclarait, au 1er avril, pouvoir passer à une nouvelle étape de ses activités en envoyant des équipes militantes dans les zones les plus reculées afin de vérifier que là aussi leurs contacts (notamment les personnes âgées) ont survécu ; en démultipliant l’aide matérielle grâce aux fonds reçus de la solidarité. Ils invitent leurs amis à venir voir sur place la situation et le travail effectué (pouvant accueillir jusqu’à trois ou quatre personnes à la fois). Environ 12 000 euros ont été collectés à ce jour, à la suite de l’appel lancé par Europe solidaire sans frontières (ESSF2), en provenance d’Allemagne, de Grande-Bretagne et de France, du Congo, de Hongkong, du Pakistan, de Sri Lanka et de Taïwan. Par ailleurs, le message de la régionale Nord-Est du NTUC a été reproduit dans le bulletin international de l’Union syndicale Solidaires. Il est en effet urgent que la solidarité envers les populations japonaises s’élargisse dans le mouvement social français et international.
Pierre Rousset, Danielle Sabaï1. L’intégralité du message est disponible sur europe-solidaire.org (article 21024).2. Voir l’appel initial à la solidarité sur europe-solidaire.org (article 20666). * Solidarité : Chèques à l’ordre d’ESSF, 2, rue Richard-Lenoir, 93100 Montreuil. Pour les virements, voir sur le site.