Publié le Lundi 11 février 2013 à 14h19.

Pakistan : fusion dans la gauche radicale

Le 11 novembre dernier, un nouveau parti est né au Pakistan : le Parti awami des travailleurs (Awami Workers Party, AWP). À cette occasion, trois organisations ont fusionné : le Parti ouvrier du Pakistan (Worker’s Party Pakistan, WPP), le Parti awami du Pakistan (Awami Party Pakistan, APP) et le Parti du travail du Pakistan (Labor Party Pakistan, LPP) avec lequel le NPA entretenait déjà des rapports fraternels.Chacune de ces organisations était elle-même le produit de regroupements, y compris le LPP, par ailleurs lié à la Quatrième Internationale. Se retrouvent ainsi dans le nouveau parti des traditions issues du trotskisme, des PC pro-Moscou et, dans une moindre mesure, du maoïsme ou d’autres versants du marxisme. Les fondateurs du AWP ne veulent cependant pas qu’il se réduise à un cartel de courants, bien au contraire.Ainsi, la volonté de doter d’emblée la nouvelle organisation d’une identité propre s’exprime dans son processus de constitution. Les trois partis préexistants se sont dissous à la veille du congrès de fondation et leurs militantEs ne sont pas automatiquement considéréEs membres du AWP : chacune et chacun doit faire individuellement acte de ré-adhésion. Des structures organisationnelles sont alors progressivement créées dans le pays. Le premier congrès du Parti awami des travailleurs se tiendra après un délai de 6 mois (soit vers la fin avril si les rythmes sont tenus).Grâce à ce regroupement, le nouveau parti aura une surface géographique plus ample que les précédents, ce qui est très important dans un pays constitué de régions et nationalités aux identités affirmées. Il est implanté tant dans la classe ouvrière (en particulier du secteur textile) que dans la paysannerie ; il participe au combat des femmes. Sa constitution s’accompagne d’un renouveau du mouvement étudiant.Le parti des résistancesLa fondation du AWP a donné lieu à de nombreux articles dans la presse et soulève de réels espoirs à gauche. Rassembler ses forces est en effet ressenti comme une urgence vitale, alors que la répression se fait plus dure : syndicalistes, dirigeants paysans, cadres politiques incarcérés au nom des lois antiterroristes, torturés, condamnés à des peines ubuesques. Militants tués par les possédants. Menace constante d’attentats terroristes ou d’assassinats de la part de mouvements fondamentalistes. Soubresauts d’un État en crise miné par la guerre d’Afghanistan.La situation dans le pays est mauvaise et il est peu d’endroits au monde où la violence soit si prégnante. Le nouveau parti se construit donc dans des conditions très difficiles, mais les résistances sociales sont néanmoins nombreuses. Théâtre de guerres, le Pakistan est aussi terre de luttes. C’est ce qui donne au AWP ses racines et sa raison d’être. Le renouveau d’une gauche militante pakistanaise est une très bonne nouvelle pour les forces progressistes en Afghanistan et en Inde – et pour nous aussi. Il mérite notre soutien politique et financier.(1)Pierre Rousset1. Des dons peuvent être envoyés via le Fonds de solidarité d’ESSF, europe-solidaire.org