Il est des vœux de nouvelle année que nous souhaiterions ne pas entendre comme ceux prononcés par Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, qui promet des combats sur Gaza « tout au long de cette année 2024 ».
Israël promet donc de poursuivre pendant plusieurs mois les atrocités alors que, depuis trois mois, près de 23 000 PalestinienEs sont morts sous les bombes de l’armée israélienne à Gaza et plus de 300 en Cisjordanie occupée. Pour se rendre compte de l’immensité vertigineuse de ces chiffres devenus d’une banalité macabre, il faut les mettre en parallèle avec les 100 000 morts de ce conflit depuis 1948.
Dès le début du conflit, nous avons craint une nouvelle Nakba, une « catastrophe » comme celle de 1948 qui a vu 800 000 PalestinienEs chassés de leurs terres. Aujourd’hui, la totalité de la population de Gaza, plus de 2,1 millions d’habitantEs, a dû fuir son habitation. Ce n’est alors plus une catastrophe mais un péril qui menace l’existence même du peuple palestinien.
À Gaza s’installent l’hiver, les pénuries alimentaires et les maladies
« L’enfer sur Terre », selon les mots du représentant de l’ONU pour les réfugiéEs, Philippe Lazzarini. La grande majorité des hôpitaux ayant été très largement touchés (consciemment) par l’armée israélienne, le système de santé gazaoui est en train de s’effondrer laissant des épidémies se propager rapidement. Plus de 1 million de personnes vivent désormais dans des camps et des abris de fortune où il y a en moyenne une douche pour 4 500 personnes et 1 toilette pour 220 personnes. L’ONU a recensé 14 maladies à potentiel épidémique : infections à staphylocoques, varicelle, méningite, oreillons, gale, rougeole, intoxications alimentaires… Les enfants sont les plus fragiles et les plus touchés par ces risques majeurs. Une tactique de guerre éculée de la part de l’armée israélienne qui a d’abord fait fuir les habitantEs du nord de la bande de Gaza vers le sud pour désormais pilonner ce territoire, organiser la pénurie alimentaire et laisser les épidémies se développer. Un crime contre l’humanité en direct !
Il est des vœux de nouvelle année que nous souhaiterions ne pas entendre comme ceux prononcés par Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, qui promet des combats sur Gaza « tout au long de cette année 2024 ».
De la catastrophe au nettoyage ethnique
Un peu trop visibles sur les étals des librairies en cette période de fêtes, les exemplaires du livre le Nettoyage ethnique de la Palestine de l’historien israélien Ilan Pappe ont été retirés de la vente par les éditions Fayard, propriété de Bolloré. Pour ne pas y lire quoi ? Premièrement qu’un nettoyage ethnique, crime contre l’humanité, consiste à déplacer par la force des populations afin d’homogénéiser ethniquement un territoire. Cela s’est traduit en 1948 par l’expulsion des PalestinienNEs de leurs maisons et leur installation dans des camps de réfugiéEs. Cela se traduit aujourd’hui par l’expulsion de millions de gazaouiEs de leurs appartements et par la colonisation galopante en Cisjordanie occupée. Et Ilan Pappé d’insister : les expulsions, les camps de réfugiéEs… ne sont pas les conséquences tragiques des guerres, mais bien le projet lui-même de la colonisation sioniste et du nettoyage ethnique nécessaire pour y parvenir. L’extrême droite sioniste au gouvernement ne cache pas ses intentions : poursuivre ce nettoyage ethnique en cours depuis 75 ans et poursuivre la colonisation. Quelques voix s’offusquent poliment au sein du gouvernement, les USA font mine de condamner de tels propos, mais le projet politique reste le même : construire un État israélien homogène, « État nation du peuple juif » depuis la révision constitutionnelle de 2018, de la mer au Jourdain.
« Tout au long de cette année 2024 », solidarités !
La guerre s’annonce longue, les résistances et les solidarités doivent donc aussi en prendre la mesure. Premièrement, en poursuivant les mobilisations de rue, élément central qui permet de ne pas faire tomber dans l’oubli et l’indifférence les milliers de morts, en réinventant ces mobilisations, en ne les ritualisant pas, en osant des formes originales de mobilisations. Ensuite, la Palestine doit être partout, dans toutes les autres mobilisations (à commencer par celle contre la loi immigration), nous devons tisser des ponts entre nos luttes et la solidarité internationale. Et pour cela, continuer de faire vivre des comités de base, dans les facs, les quartiers, les villes… les plus larges et populaires possible. Enfin, construire toujours et dans tous les domaines la campagne BDS.