Mardi 18 octobre, le juge de Pau a rendu son verdict concernant le mandat d’arrêt européen (MAE) demandé par l’Espagne contre Émilie Martin ((voir l’Anticapitaliste n° 355).
Il s’est référé à plusieurs arguments qu’avait énoncé l’avocat général le 11 octobre lors de la comparution d’Émilie, à savoir que l’association Herrira est légale sur le territoire français et qu’à l’inverse de ce que dit l’État espagnol, elle n’a pas effectué d’actions susceptibles d’attirer l’attention des autorités françaises.
De plus, tous les faits reprochés à Émilie Martin ne sont pas des délits sur le territoire de l’État français et ils ne sont ni délictueux ni criminels. Ce MAE n’a donc pas lieu d’exister, et sa non-exécution a été décidée ainsi que la levée immédiate du contrôle judiciaire mis en place depuis le 6 octobre.
Émilie s’est déclarée satisfaite du verdict. La militante estime que la décision de la cour d’appel de Pau est « un pas dans le processus de paix ». « J’espère que cette décision pourra donner envie aux tribunaux espagnols de faire la même chose, libérer l’avocate Arantxa Zulueta et mettre fin aux poursuites des 46 autres » qui sont impliqués dans ce dossier...
Otages de l’État français
On peut douter que l’Espagne le fasse, au vu des précédentes affaires similaires. Pour l’instant, Émilie est quand même condamnée à ne pas passer les frontières car le MAE n’est pas annulé, et peut être, si elle y est arrêtée, exécuté dans d’autres États.
Émilie va reprendre son travail militant, qu’elle n’avait pas cessé, au sein de Bagoaz (dont elle est porte-parole), dont le prochain dossier à venir est celui d’Ibon Fernandez Iradi de Lasarte emprisonné à Lannemezan. Il souffre d’une sclérose en plaques, et son dossier de demande de libération conditionnelle va être représenté le 24 novembre. Une manifestation de soutien sera organisée à Bayonne le 19 novembre. Ensuite viendront d’autres dossiers : Lorentxa Beyrie, en prison depuis 15 ans, actuellement incarcérée à Roanne ; puis à nouveau Frederik Haranburu, Jakes Esnal, Ion et Unai Parot, incarcérés depuis 25 ans.
Les droits des prisonnierEs basques ne sont pas les mêmes que ceux des autres détenuEs, et dans leur cas, la loi n’est pas respectée. Elles et ils ont payé par leur incarcération les délits pour lesquels elles et ils ont été inculpés, mais ces presos, quoique libérables ou conditionnables, restent en prison. Elles et ils sont devenus maintenant des otages de l’État français. À quelles fins ? La question reste posée...
Sylvie Laplace