Publié le Dimanche 17 octobre 2010 à 18h08.

Pays Basque. L’union des forces pour la résolution du conflit

Le 5 septembre, l’organisation armée ETA décrétait un cessez-le-feu. Rejetée par le gouvernement espagnol, cette trêve s’inscrit dans une nouvelle séquence politique que connaît le Pays basque ces derniers mois. Deux principaux processus de négociation ont marqué la période récente. En 1998, la première longue trêve de l’ETA vient parapher un tournant stratégique de la gauche abertzale (gauche indépendantiste). Le pacte de Lizarra-Garazi conclu entre les différentes composantes du nationalisme basque (y compris les deux syndicats majoritaires) vise alors à développer une dynamique de construction nationale qui doit aboutir à un processus constituant au niveau des sept provinces basques. Cette trêve permet de libérer de puissantes mobilisations, tant sur la question nationale qu’au niveau social. Du point de vue électoral, la coalition de la gauche nationaliste radicale, Euskal Herritarok voit ses scores énormément progresser (de 12 à 20 %). Ils se rapprochent de ceux du PNV (droite nationaliste au gouvernement autonome depuis 1980) qui subit un net tassement. Pour la première fois, la gauche indépendantiste conteste la suprématie politique du PNV. Devant ce soutien populaire au processus, le Parti populaire accepte de dialoguer avec ETA. Des dizaines de prisonniers sont transférés au Pays basque. Mais les arrestations et le muselage de la presse perdurent. Une négociatrice de l’ETA est arrêtée en France. Un autre militant est assassiné. Jugeant la trêve non respectée par Madrid et Paris qui ont gardé le cap de la répression et reprochant au PNV de ne pas avoir rompu ses liens avec le PSOE et de ne pas s’être suffisamment engagé dans le processus constituant, ETA réactive la lutte armée. Au début des années 2000, le gouvernement Aznar élève sa politique répressive à un niveau institutionnel : l’association de soutien aux prisonniers, les mouvements de jeunes, certains bars associatifs sont interdits. Puis vient la « loi des partis » en 2002 qui permet, grâce au principe du « tout est ETA », de rendre illégales les formations de la gauche abertzale privant ainsi des centaines de milliers de personnes d’expression électorale. En 2003, le seul quotidien en langue basque, Egunkarria, est fermé. Sa direction est incarcérée et torturée. En 2005, s’ouvre à Madrid l’un des plus gros procès politiques que l’Europe ait connu depuis 1945. Plus de 200 personnes comparaissent soupçonnés de « faire partie de la nébuleuse ETA ». Il faut attendre 2006 et la déclaration d’Anoeta1, pour qu’une nouvelle trêve soit décrétée par ETA. La proposition de la gauche abertzale se caractérise alors par deux tables de négociation, l’une entre partis politiques et l’autre entre ETA et le gouvernement espagnol sur la question des prisonniers, des réfugiés et de la fin de la lutte armée. Mais en 2007, après l’attentat contre l’aéroport de Bajaras à Madrid et face à un processus qu’elle considère au point mort, ETA reprend ses actions.La voie de la négociationLa fin d’année 2009 a été marquée par des mouvements significatifs des forces syndicales et politiques abertzales. Le syndicat LAB appelle les travailleurs à se mobiliser. En février 2010, les conclusions d’un long débat dans la gauche abertzale donnent naissance au document Zutik Euskal Herria (Euskal Herria debout). Elle réaffirme son choix pour les voies exclusivement politiques et démocratiques et impulse un regroupement des forces abertzales pour présenter une coalition indépendantiste de gauche aux prochaines élections municipales de 2011. Elle lance un appel à la médiation internationale. La Déclaration de Bruxelles est signée le 30 mars par différentes personnalités, dont des Prix Nobel de la Paix, appelant l’ETA à « un cessez-le-feu permanent et complètement vérifiable », l’un des signataires critiquant la « position très intransigeante » de Madrid. Le conflit basque est désormais à la croisée des chemins. ETA a réitéré son engagement en faveur d’un processus placé sous la direction « des agents politiques et sociaux basques », et la population se mobilise avec une manifestation de près de 50 000 personnes le 2 octobre, à Bilbao. Bruxelles qualifie le cessez-le-feu de positif. Pourtant, isolé, le gouvernement Zapatero rejette toute négociation et multiplie les provocations. En dix jours et deux opérations policières médiatiques, une vingtaine de personnes sont incarcérées après avoir subi le lot « habituel » de mauvais traitements (étouffement avec sac plastique, simulacres de viol et d’électrodes, attouchements, coups…). Condamnant ces tortures et pressions, le NPA affirme son soutien total au processus démocratique entamé par les forces politiques basques pour la résolution de ce conflit politique.Clément N. et Maité VB1. La déclaration d’Anoeta prônait une stratégie fondée sur le dialogue.

 

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Arrestations de 15 jeunes au Pays basque

Il faut que ça cesse !

 

Dans la nuit du 21 octobre, la police espagnole a mené une nouvelle rafle au Pays basque. 15 jeunes, accusés d'appartenir au mouvement indépendantiste SEGI, ont été arrêtés

 

Des dizaines d'endroits (domiciles, locaux, bars...) ont été perquisitionnés. Dans de nombreux villages, la police a réagi violemment aux rassemblements spontanés de soutien aux jeunes et plusieurs personnes ont été blessées.

 

49 plaintes pour tortures et agressions sexuelles pendant la mise au secret ont déjà été déposées par des citoyens basques contre la police espagnole depuis janvier 2010. Des plaintes avaient été déposées et d'atroces témoignages avaient également été publiés lors de la rafle précédente contre SEGI en novembre 2009 (36 jeunes arrêtés).

 

Le NPA dénonce les agissements de l'Etat espagnol qui continue de répondre à la nouvelle donne politique au Pays Basque par une répression brutale.

 

Le NPA dénonce également la complicité de l'Etat français qui livre par dizaines des militants basques aux autorités espagnoles par le biais de mandats d'arrêt européens qui sont majoritairement basés sur des déclarations arrachées sous la torture.

 

Le NPA exprime son soutien à ces jeunes et demande à Madrid et Paris de cesser immédiatement ces pratiques inhumaines qui bloquent le processus politique de résolution du conflit. La violence d'Etat ne constituera jamais une réponse acceptable à la détermination du peuple basque à s’émanciper par des voies politiques et démocratiques ! Il faut que ça cesse !