C’est dans une salle de l’assemblée nationale que s’est tenue le 11 juin dernier la conférence pour la paix au Pays basque, organisée par la Ligue des droits de l’homme, Bake Bidea (le Chemin de la Paix), le Groupe international de contact, la Fondation Berghof (Allemagne), Conciliation Resources (Angleterre), et le Foro Social para la paz en Pais Vasco.
Pour la première fois, le débat sur le conflit basque s’est exporté à Paris. Des personnalités du monde politique ou associatif, de différentes nationalités, des élus de tous bords, un ex-prisonnier basque, des victimes du conflit, ont pris la parole pour s’inscrire dans le processus de paix initié il y a bientôt quatre ans par la déclaration d’Aiete et l’arrêt définitif de la lutte armée de l’ETA qui ne figure plus aujourd’hui sur la liste européenne des organisations terroristes.Les interventions successives avaient pour toile de fond le même constat accablant. Ni l’État espagnol ni l’État français n’ont à ce jour fait le moindre geste pour amorcer le dialogue. La répression continue et les droits les plus élémentaires des prisonnierEs et des exiléEs politiques basques sont toujours bafoués.Les oreilles du tandem Hollande-Valls ont dû siffler lorsqu’a été lu en début de conférence un message de Michel Rocard demandant au gouvernement français de s’impliquer dans la résolution du conflit, demande réitérée ensuite par l’ensemble des intervenantEs.La tragique situation des prisonnierEs (près d’une centaine dans les prisons françaises et environ 400 en Espagne) a été dénoncée à plusieurs reprises : longues peines équivalentes à des morts lentes, refus de libérations conditionnelles ou de suspensions de peine dans les cas de maladies graves, dispersion à travers le territoire rendant difficiles les visites des familles... Il a été rappelé que le collectif des prisonniers adhère totalement au processus de paix, ce qui n’a entraîné aucun changement dans l’attitude des gouvernements qui persistent à vouloir les briser.
Blocage des États français et espagnolDeux victimes du conflit ont témoigné : Robert Manrique, blessé lors d’un attentat commis par l’ETA en 1987 à Barcelone, et Axun Lasa, sœur du réfugié basque Joxean Lasa enlevé par le GAL à Bayonne en 1983, torturé puis tué et enterré au Sud de l’Espagne. Ils ont parlé de la nécessité de vérité, de réparation et de reconnaissance.La conférence s’est terminée par la lecture de la « Déclaration de Paris pour la paix au Pays basque » signée par 110 personnalités, éluEs, médiateurs internationaux... Elle demande aux gouvernements français et espagnol une réelle implication dans la résolution du conflit au Pays basque ; la fin de la dispersion des prisonnierEs ainsi que des mesures d’aménagement de peines et la libération pour celles et ceux qui sont gravement malades ; des mesures conséquentes pour promouvoir la réconciliation, apporter reconnaissance, compensation et assistance à toutes les victimes.Philippe Poutou était présent pour apporter la solidarité du NPA, actif dans les mobilisations en faveur des prisonniers et des exiléEs et des droits démocratiques du peuple basque.Cette conférence a été un succès et a atteint son objectif : informer à Paris sur la situation au Pays basque et le blocage par les États français et espagnol. Une nouvelle étape a été franchie pour amener les États à prendre les premières mesures indispensables et amorcer le dialogue vers la résolution du conflit. Le chemin reste long jusqu’à l’amnistie, indispensable aboutissement dans le cadre de la résolution, et jusqu’à l’autodétermination, droit démocratique élémentaire aujourd’hui refusé au peuple basque.Plus que jamais, la poursuite et l’intensification de la mobilisation sont nécessaires pour imposer aux États l’ensemble de ces revendications, avec le soutien actif des organisations du mouvement ouvrier et démocratique, au Pays basque comme au niveau hexagonal et international.
Claude Larrieu