Publié le Mercredi 10 janvier 2018 à 17h13.

Quelques repères sur l’Iran

L’Iran est un des pays les plus peuplés du Moyen-Orient. C’est le quatrième producteur de pétrole au monde, urbanisé à plus de 70% et alphabétisé à près de 90%. Les femmes, à qui le port du voile est imposé, ont en moyenne moins de deux enfants et représentent près des trois quarts des étudiantEs. La répression est féroce contre les opposantEs, et en particulier les syndicalistes. Le pays détient le record mondial des pendaisons par habitant, avec nombre d’homosexuelEs et de membres des minorités nationales.

D’importantes mobilisations contre le régime iranien ont lieu aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Une confédération syndicale regroupant jusqu’à 400 000 membres voit le jour. Le Toudèh (parti communiste pro-soviétique), le seul parti sérieusement organisé, ne cherche pas à renverser le pouvoir en place. Au contraire, trois de ses membres entrent au gouvernement en août 1946 et en sont chassés dès octobre. Une répression brutale s’abat alors sur les syndicalistes, et le Toudèh est interdit en 1949. 

En 1951, suite à la multiplication des grèves, le Chah nomme comme Premier ministre le dirigeant nationaliste Mossadegh. Celui-ci fait voter la nationalisation du pétrole, déchaînant l’enthousiasme populaire. 

Les compagnies britanniques et américaines organisent alors le blocus du pétrole iranien et la CIA organise un coup d’État en 1953. Mossadegh est jeté en prison et une répression impitoyable s’abat notamment sur le Toudèh qui l’avait soutenu. 

Un quart de siècle de dictature du Chah (1953-1979) 

Les compagnies étatsuniennes se voient octroyer, en 1954, la mainmise sur 40 % de la production pétrolière et sur l’équipement de l’armée. Créée avec l’aide de la CIA, la Savak (police politique) fait régner la terreur. 

Le clergé est la seule force qui parvient à sauvegarder son implantation. En 1964, l’ayatollah Khomeiny est condamné à l’exil mais ses disciples continuent à agir clandestinement. Ils puisent leur forces dans la petite-bourgeoisie traditionnelle (le Bazar) qui se sent marginalisée par le Chah.

Dans les années 1970, de nombreux intellectuels ne supportent plus les atteintes aux droits humains, les universités sont en effervescence, les grèves se multiplient, et la population des bidonvilles se mobilise contre les expulsions. 

La révolution de 1979

En octobre 1978, les grèves ouvrières prennent une tournure de plus en plus politique. Dans le secteur du pétrole se mettent en place des comités de grève qui organisent nationalement la baisse puis l’arrêt de la production ainsi que le blocage des exportations.

Finalement, le Chah part en exil le 16 janvier 1979. Une insurrection populaire a lieu à Téhéran du 9 au 13 février 1979. On assiste dans les entreprises à une explosion de comités, de syndicats et de conseils ouvriers. 

Khomeiny, qui était revenu le 1er février 1979, est le seul à disposer d’un appareil politique et devient de facto le dirigeant du pays. Le gouvernement pro-Khomeiny désarme la population et met sur pied des milices islamistes, dont les Gardiens de la révolution (Pasdaran).

Près de 40 ans de contre-révolution islamiste

Une République islamique est instaurée en mars, avec le soutien du Toudèh (parti communiste) et des Modjahédine du peuple (qui se réclament simultanément de l’islam chiite et du socialisme). 

Le pouvoir politique est désormais sous le contrôle étroit des autorités religieuses, qui dressent notamment la liste des candidats autorisés à se présenter aux élections, peuvent démettre le président de ses fonctions et invalider les décisions du Parlement. Les religieux ont également la mainmise sur l’armée, la radio et la télévision d’État. Les femmes manifestant à l’occasion du 8 mars 1979 sont violemment agressées par des militants islamistes. Pendant l’été 1979, la liberté de la presse est attaquée par le pouvoir. L’intervention de l’armée et des Pasdaran contre les Kurdes fait des centaines de morts. Les organisations de gauche sont interdites et leurs locaux attaqués. 

Profitant de l’élan nationaliste provoqué par l’invasion irakienne sous la houlette des USA, le régime établit un climat de terreur. Les travailleurs qui osent revendiquer sont persécutés. Plus de 30 000 opposants sont exécutés entre 1981 et 1989.

Entre 1981 et 1983, les Modjahédine du peuple puis le parti Toudèh, jusqu’ici alliés indéfectibles de l’État islamique, sont démantelés.

Un mouvement ouvrier indépendant du pouvoir commence néanmoins à se reconstituer à partir de 2004, malgré la répression féroce.

En 2009, voter pour l’ancien Premier ministre Moussavi apparaît à beaucoup comme un moyen de s’opposer au président sortant Ahmadinéjad. Accusant le pouvoir d’avoir truqué les élections présidentielles, des millions d’IranienEs déferlent dans les rues. Ils et elles sont impitoyablement réprimés.

D’après un texte de Houshang Sepehr (téléchargeable sur le site de Solidaires)