Le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, s’est adressé le 15 janvier 2020 à l’Assemblée fédérale (Chambre des régions de niveau fédéral) à Moscou devant une assistance de près de 1300 personnes, composée de personnes influentes sur le plan institutionnel, avec un message. « Il nous faut résoudre plus rapidement, sans attendre, des tâches sociales, économiques et technologiques sur une grande échelle. » Cela « exige une nouvelle qualité de la gestion d’État, du travail du gouvernement et de tous les niveaux de pouvoir, un dialogue direct avec les citoyens ».
Vladimir Poutine a proposé une série de mesures de réformes institutionnelles avec une idée en tête : « La Russie doit rester une république présidentielle forte ». Et, en ce qui concerne la limitation à deux mandats successifs : « Je ne pense pas que cette question soit une question de principe, mais je suis d’accord avec cette idée » !
Aveu d’échec et garantie du pouvoir
Parler de dialogue direct est un vrai mensonge dans un espace où les formes d’intimidation de la population sont monnaie courante. À l’image de Kiril Tchirkine, agressé dans la soirée du 9 janvier à Moscou, car il demandait l’installation d’un éclairage public dans une rue où des flics ont cassé une matraque sur le corps d’un manifestant opposé à Poutine en juillet dernier. Parmi, les formes de dialogue, un « assouplissement » du code pénal permettra de trouver plus simplement un prétexte de condamnation, et de fabriquer des affaires pénales ou administratives.
Le PIB russe a baissé de 1,3 % l’année dernière. Lors de l’inauguration de son troisième mandat en 2018, Vladimir Poutine avait annoncé toute une série de choses : augmentation de la population, développement des exportations grâce à des gains de productivité, croissance des revenus et des retraites, l’amélioration des conditions de logement, parmi d’autres, le tout dans le cadre d’une coopération plus poussée avec l’Union économique eurasiatique (créée en 2014) comprenant, outre la Russie, l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan et la Kirghizie. Selon les termes mêmes du message de Vladimir Poutine, on peut facilement comprendre que les objectifs fixés sont loin d’avoir été atteints. 90 000 places en crèche étaient annoncées l’année dernière : un tiers sont disponibles.
Soutien populaire ou luttes ouvrières ?
Les salaires constituent un vrai enjeu car leur niveau maintient dans la pauvreté une grande partie de la population. Ils ne permettent parfois même pas d’embaucher ce que dénonçait notamment les ambulanciers de Novossibirsk lors d’une grève en décembre dernier. Poutine a fait tout un tas de promesses sur l’augmentation du salaire minimum, la fixation d’une retraite minimum et son indexation sur l’inflation, hausse des différentes aides accordées aux familles (aides financières, santé, éducation, logement). L’objectif est double dans ce dernier cas, car les problèmes démographiques de la Russie, occupant une large part du message, compromettent gravement le développement du capitalisme dans le pays1.
Les travailleurEs de la Fédération de Russie n’ont rien à attendre des changements constitutionnels ne faisant que renforcer l’autorité du président, défenseur des intérêts de la classe capitaliste russe, ni des quelques miettes qu’il promet être prêt à leur octroyer pour obtenir un soutien minimal et la paix sociale. Pas sûr qu’il réussisse à l’obtenir. L’année 2019 a presque atteint le niveau record de protestations. Le Centre des droits sociaux liés au travail a enregistré 1 443 actions pour les trois premiers trimestres de 20192. Par leurs luttes, les salariéEs pourront obtenir des concessions substantielles, et un changement de l’organisation de la société en leur faveur.