Depuis près d’une semaine, des mobilisations massives, principalement de femmes, ont lieu en Pologne pour protester contre une nouvelle attaque contre le droit à l’avortement dans un pays à la législation déjà particulièrement restrictive. Nous reproduisons le communiqué d’Amnesty International publié le 26 octobre :
« Le 22 octobre 2020, un arrêt du Tribunal constitutionnel polonais a jugé l’avortement anticonstitutionnel en cas de “malformation grave et irréversible du fœtus ou de maladie incurable potentiellement mortelle pour le fœtus”. Cet arrêt est très dangereux pour la santé et la vie des femmes. Il représente un retour en arrière pour les droits des femmes à des soins de santé sexuelle et reproductive.
Cet arrêt est le résultat d’une vague d’attaques systématiques et coordonnées menée par les législateurs polonais contre les droits fondamentaux des femmes. Il représente leur dernière tentative en date d’interdire l’avortement.
L’interdiction de l’avortement par la loi ne réduit pas le nombre d’avortements, elle ne fait que nuire à la santé des femmes en les obligeant à y recourir clandestinement ou à aller à l’étranger pour accéder aux soins d’interruption de grossesse. Cette décision cruelle affecte toutes les femmes, mais les femmes marginalisées qui n’ont pas les moyens financiers d’aller à l’étranger en pâtiront de façon disproportionnée.
La Pologne est l’un des deux seuls pays membres de l’Union européenne n’autorisant pas l’avortement à la demande d’une femme ou pour des raisons socio-économiques au sens large.
La législation polonaise prévoit que l’avortement n’est autorisé que pour protéger la vie ou la santé des femmes, ou quand la grossesse résulte d’un viol.
Jusqu’à l’arrêt de ce jour, il était également légal en cas de “malformation grave et irréversible du fœtus ou de maladie incurable potentiellement mortelle pour le fœtus”. Même dans les situations où l’avortement est légal, de multiples obstacles restreignent fortement l’accès à ces soins dans la pratique.
Le parti Droit et justice, au pouvoir, s’est de façon répétée orienté vers des restrictions toujours plus sévères des droits liés à la santé sexuelle et reproductive, y compris avec un projet de loi qui visait à interdire totalement l’avortement. Ces initiatives ont déclenché des mouvements massifs de protestation au sein de la population et ont été condamnées par des organes internationaux de défense des droits humains et des institutions européennes. »