Publié le Mercredi 3 juillet 2024 à 12h00.

Stopper l’extrême droite, renforcer la gauche unie et militante

Après le premier tour des élections législatives, l’accélération de la situation et la polarisation du champ politique ne font que s’accentuer. Avec un taux de participation particulièrement élevé, les enjeux de ce premier tour semblaient clairs pour la majorité de notre classe.

 

Le RN et ses alliés arrivent en tête avec 33,14 % des suffrages exprimés, un score historique : plus de 10 millions de personnes ont ainsi voté pour le parti de Marine Le Pen ou apparentés (comme Ciotti). Une partie de la bourgeoisie républicaine a définitivement basculé du côté de l’extrême droite, tandis que les médias ont orchestré un sinistre jeu des vases communicants, la dédiabolisation du RN allant de pair avec la diabolisation du Nouveau Front populaire, comme on a pu le voir sur la question de l’antisémitisme.
 

Le NFP apparaît comme la seule opposition crédible à la macronie et à l’extrême droite, avec 28 % des voix. Par rapport au score de la Nupes en 2022 (25,78 % des voix), le bloc des gauches a encore progressé.

Entre les deux, l’ancienne « majorité présidentielle » s’effondre, n’obtenant que 20 % des voix : la dissolution de l’Assemblée nationale est synonyme de sa propre dissolution comme force politique, et le pari de Macron semble totalement perdu. Pourtant, les macronistes n’en tirent pas les bilans et se retrouvent divisés sur les consignes de vote pour le second tour : plutôt que d’appeler fermement à voter pour le NFP, certainEs continuent de dissocier la FI du reste du NFP et à mettre un trait d’égalité entre les « extrêmes », stratégie qui ne fait en réalité que renforcer le RN.

Dynamique réelle et sursaut du NFP

Si on tente un premier bilan, on voit ainsi que la mobilisation de notre camp social a été importante, mais pas suffisante. L’unité inespérée qui s’est mise en place dès le soir de la dissolution, faisant converger mouvement social et politique, syndicats et partis, mais aussi des collectifs antiracistes, féministes et LGBTI+, a créé une dynamique réelle, mais qui n’a pas réussi à nous permettre de franchir réellement un nouveau cap. Ce sursaut a malheureusement été plus défensif qu’offensif, malgré la constitution dans l’urgence d’un programme commun, la défaite de la mobilisation contre la réforme des retraites pesant encore très lourdement sur notre classe. La nécessité d’une implantation durable, qui ne se limite pas à des mobilisations électorales, se fait par ailleurs plus que jamais sentir. Enfin, la bataille culturelle contre l’extrême droite demeure encore largement à mener, dans un contexte où les grands médias et de plus en plus de maisons d’édition appartiennent à Bolloré, et où les services publics de l’information s’effondrent, à l’image de tous les autres.

Continuer le combat

L’heure est dure, tout particulièrement pour les personnes racisées, immigrées, les LGBTI+ et les femmes. Pour autant, nous ne devons pas laisser de prise à la démoralisation : car si l’extrême droite est aux portes du pouvoir, elles ne lui sont pas encore ouvertes. Nous avons encore une semaine pour battre l’extrême droite dans les urnes ! Cela passe par le renforcement de notre camp social partout où nous le pouvons, d’abord par la mobilisation dans la rue : des initiatives contre l’extrême droite, les plus larges possibles, doivent être organisées dans les jours qui viennent. Concernant le second tour, au vu des intérêts immédiats des populations issues de l’immigration, de l’ensemble du monde du travail, de la défense des droits et des libertés publiques, il est impératif de battre le RN, ses alliés et ses soutiens, de préférence avec un vote en faveur du NFP. 

Enfin, dès à présent, nous devons penser à l’après 7 juillet. Quels que soient les résultats, tout reposera sur notre capacité collective à nous mobiliser. Ce qui s’est construit au cœur de cette campagne, une gauche unie et militante, doit perdurer : confirmer un programme de rupture, se nourrir et nourrir les mobilisations plus que jamais nécessaires, permettre au plus grand nombre de rester organisé au-delà de ces élections, condition pour faire renaître une véritable gauche de combat.