Samedi dernier, quelque 4 millions de personnes ont manifesté sur les sept continents. À l’origine de cette mobilisation, un appel aux femmes américaines à manifester contre l’élection de Donald Trump, connu pour ses attitudes sexistes, ses prises de position contre les droits des femmes. L’appel a rapidement rencontré un large écho : d’informel, il est devenu plus organisé avec des co-présidentes de l’initiative pour représenter la diversité des femmes américaines, avec une déclaration des principes pour en faire une initiative inclusive. Le résultat a été la première mobilisation coordonnée mondiale depuis les mobilisations antiguerre du 15 février 2003. Certes, la mobilisation n’est pas au même niveau à l’échelle mondiale, mais aux États-Unis même, avec plus de 3 millions de manifestantEs, elle a largement dépassé 2003, et en Grande-Bretagne, la manifestation qui a regroupé 100 000 personnes à Londres était du même ordre que celle d’il y a 14 ans.
Dans ces mobilisations, de la solidarité, mais aussi la reconnaissance que partout on n’a pas simplement à se battre encore pour les droits des femmes, mais que ce que l’on a déjà gagné est toujours l’objet d’attaques incessantes de courants réactionnaires, sexistes, patriarcaux, xénophobes, antimigrants. Donc résister est une urgence, pour nous-mêmes ici aussi : à Paris ce dimanche, les forces anti-IVG ont de nouveau manifesté par milliers ; le candidat de la droite institutionnelle est issu du courant catholique conservateur ; et le FN, dont une partie de sa base est liée aux catholiques intégristes anti-IVG, caracole en tête dans les sondages...
Victimes de l’austérité, nous luttons au quotidien pour maintenir les centres IVG ouverts, pour avoir les moyens pour les faire fonctionner. Au-delà, nous nous battons pour défendre les droits de toutes les femmes de mener leurs vies comme elles l’entendent. L’enjeu est de construire un mouvement dans la durée, prenant en compte le besoin d’en faire un mouvement qui reflète toute la diversité de celles et ceux qui souhaitent résister à la morsure réactionnaire. Ceci n’est que le commencement, et pour reprendre les mots de l’inimitable Ella Baker, « Nous qui croyons en la liberté, nous ne nous reposerons pas avant qu’elle advienne ».