Publié le Mercredi 12 mai 2010 à 20h31.

Tous à Madrid ! Solidarité des deux côtés de l’Atlantique contre l’impérialisme

La pénétration commerciale, financière, industrielle, culturelle de l’Union européenne sur le continent latino-américain est un phénomène récent qui s’est initié à la fin du XXe siècle car, jusqu’alors, les Etats-Unis détenaient un quasi monopole de l’ingérence étrangère dans cette partie du monde. Malgré les nombreuses résistances populaires face aux saccages des transnationales, l’UE compte s’appuyer sur trois colosses issus des processus «d’intégrationrégionale »pour affirmer davantage sa présence en AL:

- le Mercosur, dont l’UE est le premier partenaire économique devant les Etats-Unis

- la Communauté Andine des Nations (C.A.N.) constituée de la Bolivie, de l’Equateur, du Pérou, de la Colombie, qui représente un ensemble de près de 100 millions d’habitants

- l’Initiative pour l’intégration de l’infrastructure régionale sud-américaine (IIRSA), de dimension macroéconomique, impliquant chaque gouvernement dans la réalisation de projets pharaoniques de construction routinières, fluviales, énergétiques…. une mine pour les transnationales implantées sur le continent.

D’autres marchés régionaux potentiels -moins «importants» du point de vue du capital- font aussi partie des centres d’intérêts de l’UE: le Système d’intégration centraméricaine (SICA) qui comprend 6,5% de la population latino-américaine, l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC) composée des pays de l’Amérique centrale et des îles caribéennes, mais aussi de la France, les Pays-Bas ou le Royaume Uni, en tant qu’Etats associés par le biais de leurs colonies. A la fin des années 1990, le sénat définissait l’AEC comme «un cadre privilégié pour l’action de la France dans la région». De plus, en 2000, est entré en vigueur l’Accord de libre échange entre le Mexique et l’Union européenne, avec ses 100 millions de consommateurs il constitue un partenariat économique, politique et commercial de premier plan. En 2002, l’UE signait un Accord d’association avec le Chili, qui permet notamment l’implantation d’entreprises électriques et forestières en expulsant les populations mapuches de leurs terres. A la recherche et à la conquête de nouveaux marchés, l’Etat espagnol et la France maintiennent une politique agressive sur le continent vis-à-vis des peuples qui n’ont pas encore cédé à leurs exigences (privatisations des services, extraction des minéraux, construction de barrages…). En 2007, suite au sommet de Lisbonne, le Brésil devient un partenaire essentiel pour l’Union européenne et accède à la «condition de partenaire privilégié de la France en Amérique du sud, ainsi qu’acteur global dans les affaires mondiales»; le tout officialisé par le Traité de coopération stratégique de 2008. La France fait donc bon usage du marché le plus important de l’Amérique latine, compte tenu de la place hégémonique du Brésil face au reste de l’Amérique du sud.

Tout ses accords et traités entre l’UE et l’AL-Caraïbes sont des négociations conduites à huis clos entre gouvernements, sous pression du capital, sans consultation des populations concernées, et à rebours des revendications des organisations populaires, indigènes et syndicales. Jusqu’à cette date, le rôle des partis de gauche au Parlement européen vis-à-vis de ce type d’accords ou traités, se limite trop souvent à réclamer plus de «démocratie», plus de «dialogue» ou de coopération, sans dénoncer leur nature structurellement néfaste. Le Sommet alternatif des peuples en mai 2010 à Madrid sera l’occasion de se mobiliser de manière unitaire sur ces questions, afin de signifier notre refus de l’exploitation impérialiste des Amériques par l’UE.