Un cessez-le-feu entre Kiev et les séparatistes prorusses a été signé vendredi dernier à Minsk, lors d’une réunion d’un « groupe de contact » composé de représentants de Kiev, des Pro-russes et de L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Au même moment se déroulait à Newport (Pays de Galles) le sommet de l’Otan réunissant les 28 États qui en sont membres. Un sommet au discours belliqueux...
Si le cessez-le-feu a été mis à mal quelques heures après sa signature, de l’avis même du président ukrainien, Porochenko, et de Poutine, il serait « globalement respecté ». Mais on ne peut pas dire que le sommet de l’Otan – « l’un des plus importants dans l’histoire de l’Alliance », selon son secrétaire général Rasmussen – ait cherché à apaiser les tensions. Ce sommet a développé une politique offensive contre la Russie, accusée d’être seule responsable de la guerre dans l’est de l’Ukraine. Invité du sommet, le président ukrainien s’est félicité que « Les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et l’Italie soutiennent l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ensemble, soyons forts ! ».Le plan de règlement en sept points proposé par Poutine a été qualifié de « poudre aux yeux ». Et Rasmussen a accusé la Russie de ne pas avoir « fait un seul geste pour rendre la paix possible ». Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a répliqué en accusant les États-Unis de soutenir « le parti de la guerre en Ukraine » et a dénoncé « un sursaut de la rhétorique antirusse ».
Actes d’hostilitéQue les dirigeants occidentaux puissent douter de la sincérité de Poutine est une chose. Mais dénoncer sans autre forme de procès son plan est un geste qui ne peut qu’encourager les escalades, d’autant que les sept points de ce plan ne préjugent en rien d’un éventuel statut particulier pour l’est de l’Ukraine qui aurait été évoqué lors de la réunion du groupe de contact.La déclaration finale du sommet annonce la création d’une force de réaction de 4 000 hommes, « très rapide », censée être déployée dans un délai de 7 jours « partout dans le monde », pouvant « facilement se déplacer tout en étant capables de combattre vigoureusement ». Les actions des forces terrestres seront, si nécessaire, soutenues par voies aériennes et maritimes. Ces forces permettront, entre autres, de « contrer les possibles plans de la Russie visant à déstabiliser les pays baltes ».Dans le même temps, sept pays de l’Otan (le Royaume-Uni, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie) ont signé un accord sur la création d’une « mission unie », des forces de réaction rapide en miniature.Si l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan est pour l’heure écartée, l’établissement de nouvelles bases logistiques dans les pays Baltes, en Roumanie et en Pologne, est aussi un acte d’hostilité à l’égard de la Russie. Et une aide militaire a de toute façon été promise à Porochenko.Dans son programme de renforcement de la défense de l’Europe face à une éventuelle invasion venue de l’Est, l’Otan a inclus pour la première fois une « politique de cyberdéfense renforcée ». Un centre de recherche en la matière existe déjà, le CCDCOE (Cooperative Cyber Defence Centre of Excellence), installé à Tallinn en Estonie... dans une ancienne caserne russe.
Yvan Lemaitre