Publié le Samedi 9 janvier 2010 à 10h29.

Un an après les massacres de Gaza

Il y a un an, nous étions des millions à protester, aux quatre coins du monde, contre les bombardements israéliens sur la Bande de Gaza. L’agression, baptisée « plomb durci », allait durer trois semaines et se solder par un bilan tragique : plus de 1 400 morts, 5 000 blessés, des villes et des camps de réfugiés dévastés. Nous protestions contre la barbarie israélienne : bombardements de zones surpeuplées, d’écoles, d’hôpitaux, de locaux de l’ONU, utilisation d’armes prohibées, bouclage total de la Bande de Gaza, empêchant les populations de fuir les bombes. Nous dénoncions le silence complice, voire le soutien actif, des grandes puissances qui, quand elles n’ont pas défendu ouvertement l’agression, se sont contentées de la juger « disproportionnée ».Les rapports d’ONG, les témoignages des Palestiniens de Gaza, les confidences des soldats israéliens ont depuis lors largement confirmé l’ampleur de la tragédie. L’ONU elle-même, via le rapport Goldstone, dénonce des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité. Un an plus tard, la tragédie de Gaza n’a pas cessé. Soumis a un blocus criminel, les 1,5 million de Gazaouis meurent à petit feu. 95 % des entreprises ont fermé, plus de 80 % de la population dépend de l’aide alimentaire, la plupart des produits de première nécessité sont acheminés clandestinement par des tunnels qui menacent chaque jour de s’effondrer. Loin de s’émouvoir du drame du Ghetto de Gaza, les dirigeants de l’Union européenne et des États-Unis, qui célébraient il y a quelques semaines le 20e anniversaire de la chute du Mur de Berlin, portent une lourde responsabilité (politique, financière et technique) dans l’actuelle construction d’un nouveau mur, en partie souterrain, à la frontière égyptienne, qui isolera encore un peu plus les Gazaouis en fermant les tunnels de ravitaillement. La ghettoïsation s’accélère également en Cisjordanie. Chaque jour, de nouvelles portions de mur sont construites, de nouvelles terres saisies, des Palestiniens expulsés. Malgré les gesticulations diplomatiques, la colonisation se poursuit et les arrestations se multiplient. Pourtant, certains hypocrites osent encore parler de « processus de paix ». Le message du gouvernement israélien est pourtant clair : la seule paix envisageable est la « paix économique ». Traduction pour les Palestiniens : « abandonnez vos droits, vos revendications nationales, vos rêves de liberté, et vous pourrez peut-être espérer manger à votre faim et nourrir vos enfants ». Il s’agit pour Israël et ses alliés, de nier le caractère politique de la question palestinienne et de transformer les Palestiniens en un peuple d’assistés survivant dans des ghettos grâce à l’aide internationale et la normalisation des relations économiques avec Israël. Même si certains, du côté de l’Autorité palestinienne de Ramallah, semblent prêts a « négocier » cette « paix économique », nul doute que la population palestinienne n’est pas résignée à abandonner ses droits. Elle le prouve chaque jour en continuant, tant bien que mal, de résister à la politique coloniale d’Israël. Les Palestiniens ne peuvent résister seuls. À nous de développer et d’amplifier la mobilisation internationale pour dénoncer la situation qui leur est faite, les responsabilités de nos gouvernements et l’impunité d’Israël. Tel était l’un des objectifs de la Gaza Freedom March qui, si elle n’a pas réussi à entrer dans Gaza, a eu un écho important dans le monde arabe et chez les Palestiniens. Tel est également l’objectif de la campagne BDS, qui se renforce et remporte de plus en plus de victoires, démontrant que seule la mobilisation populaire permettra de construire un rapport de forces suffisant pour stopper l’État d’Israël.