Publié le Mardi 28 janvier 2025 à 11h00.

Aux États-Unis, la résistance a commencé discrètement

La résistance au président Trump a commencé, non pas sous la forme d’un mouvement social de masse, mais dans la cathédrale nationale, dans les tribunaux fédéraux, dans les assemblées législatives des États et dans les mairies.

Trump a déclaré la guerre aux immigrés sans papiers, il mobilise l’armée, et, bien qu’elles ne soient pas encore massives, les détentions et les déportations ont commencé. À ce stade, la résistance est un conflit idéologique et juridique, avec peu d’actions dans les rues, en partie à cause du vortex arctique qui a apporté un froid extrême dans une grande partie du pays, mais aussi parce qu’interférer avec les agents de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) est un crime.

L’intervention de l’évêque de Washington

La résistance a commencé dans une église. Lors de sa première journée complète en tant que président, Trump a assisté à la traditionnelle cérémonie de prière pour le président et la nation dans l’imposante cathédrale gothique épiscopale nationale. Il y a eu des appels à la prière chrétiens, juifs et musulmans, puis un sermon de l’évêque épiscopalienne de Washington Mariann Edgar Budde, qui a regardé directement Trump assis sur le premier banc et a terminé son sermon par ces mots : « Au nom de notre Dieu, je vous demande d’avoir pitié des personnes de notre pays qui ont peur en ce moment. Il y a des enfants gays, lesbiens et transgenres dans des familles démocrates, républicaines et indépendantes, dont certains craignent pour leur vie. Les personnes qui cueillent nos récoltes et nettoient nos immeubles de bureaux, qui travaillent dans les élevages de volailles et les usines de conditionnement de la viande, qui font la vaisselle après nos repas dans les restaurants et qui assurent les gardes de nuit dans les hôpitaux. Il se peut qu’ils ne soient pas citoyens ou qu’ils n’aient pas les papiers nécessaires. Mais la grande majorité des immigrants ne sont pas des criminels. Ils paient des impôts et sont de bons voisins. Ils sont des membres fidèles de nos églises, mosquées, synagogues, gurdwaras et temples. Je vous demande d’avoir pitié, Monsieur le Président, des membres de nos communautés dont les enfants craignent que leurs parents leur soient enlevés. Et que vous aidiez ceux qui fuient les zones de guerre et les persécutions dans leur propre pays à trouver compassion et accueil ici ».

Son sermon, qui mettait directement en cause le président, a fait la une de tous les médias. Furieux d’avoir été critiqué, Trump l’a qualifiée de « gauchiste radicale qui hait M. Trump » et a exigé des excuses. Mme Budde a déclaré qu’elle ne présenterait pas d’excuses.

Des villes et États sanctuaires qui s’opposent à Trump

Dans tout le pays, les attaques radicales de Trump contre les immigréEs et la Constitution sont contestées. Dix-huit États dirigés par des démocrates, le district de Columbia et la ville de San Francisco, ainsi que l’Union américaine pour les libertés civiles, ont intenté une action en justice contre Trump pour sa tentative de mettre fin à la citoyenneté de naissance pour les enfants d’immigréEs par le biais d’un décret. Un juge fédéral nommé par Ronald Reagan s’est prononcé contre Trump en déclarant : « Il s’agit d’un décret manifestement inconstitutionnel ». La Cour suprême défendra-t-elle la Constitution ou soutiendra-t-elle Trump ?

De nombreuses collectivités locales du pays, la plupart gouvernées par le parti démocrate, sont des « villes sanctuaires », c’est-à-dire qu’elles refusent de coopérer avec l’ICE pour rassembler les immigrants, sauf dans le cas de criminels violents. Il existe plus de 600 villes sanctuaires aux États-Unis – les plus importantes étant New York, Los Angeles, Chicago, Philadelphie, San Diego, San Jose, Columbus, San Francisco, Seattle et Denver – et 11 États sanctuaires.

L’administration Trump a envoyé une note au ministère de la Justice demandant aux procureurs d’enquêter et éventuellement d’inculper les responsables locaux qui refusent de coopérer à la rafle des immigrantEs. Trump pourrait également suspendre l’aide fédérale aux États démocrates tels que la Californie, où Los Angeles a brûlé.

À Chicago, dont le conseil municipal compte un caucus socialiste démocratique, le maire Brandon Johnson collabore avec la Chicago Transit Authority à une campagne intitulée « Connaissez vos droits », qui explique que, s’ils sont confrontés à l’ICE, les immigrantEs peuvent garder le silence, qu’ils ne doivent pas parler de leur statut et qu’ils ne sont pas obligés de laisser entrer qui que ce soit dans leur maison sans mandat. La résistance a donc commencé, en disant la vérité au pouvoir et en exigeant la justice.

Dan La Botz, traduction par la rédaction