Publié le Vendredi 31 janvier 2025 à 09h00.

Iran : Avis de tempête sur la République islamique

Le soulèvement « Femme, Vie, Liberté » a profondément ébranlé les fondements de la République islamique. Les défaites sur le plan régional, avec notamment l’affaiblissement du Hezbollah libanais et la chute du dictateur Assad, ont fragilisé davantage le régime de Téhéran. Avec la crise sociale et économique dans laquelle s’enfonce le pays, la survie même de la République islamique se pose. 

Hyperinflation galopante, effondrement de la monnaie nationale, pénuries de gaz et d’électricité, arrêts réguliers de la production et fermetures intempestives d’usines et d’administrations, toute l’économie est frappée par une crise sans précédent. Alors que l’Iran possède la deuxième réserve mondiale de gaz et la troisième de pétrole, la population manque de tout : plus de 60 % des habitantEs vivent sous le seuil de pauvreté. Les impayés de salaires se multiplient.

Contestation populaire profonde et répression

En 2024, 2 396 manifestations et 169 mouvements de grève ont été recensés. Du fait de la censure, ces chiffres sont sans doute inférieurs à la réalité. Ces protestations de travailleurEs de toutes catégories (enseignantEs, infirmierEs, ouvrierEs, employéEs municipaux, retraitéEs…) et de tous secteurs, dont celui stratégique de la pétrochimie, se sont déroulées dans les 31 régions du pays. Les revendications concernent notamment les salaires, la protection sociale, les retraites, les contrats de travail et la suppression de l’embauche à la journée.

La République islamique, dictature capitaliste et théocratique, répond par une brutalité systématique. La première arme du régime est d’interdire encore et toujours le droit de s’organiser et de créer des syndicats. Le pouvoir cherche à empêcher toute structuration et coordination de la contestation sociale. Les arrestations et condamnations de militantEs ouvriers sont constantes. Souvent licenciés, ils font l’objet d’intimidations, de pressions diverses et régulières durant leur détention et à leur libération.

Face aux défaites sur le plan régional, à la crise sociale et aux luttes, la République islamique a tenté ces dernières semaines de montrer les muscles en menant des manœuvres militaires censées dissuader l’État colonialiste d’Israël et l’impérialisme américain d’attaquer l’Iran. Dans le même temps, elle a déployé dans les rues les bassidjis afin de créer un climat de peur. Un message clair envoyé à celles et ceux qui défient en permanence le pouvoir. 

Mais ces gesticulations ne mettent pas un terme aux mobilisations, aux actes de désobéissance civile, de résistance collective ou individuelle. Ainsi, l’assassinat en plein jour de deux juges de la Cour suprême le 18 janvier témoigne de la fragilité du pouvoir. Connus pour leurs procès expéditifs contre des opposantEs et directement responsables de l’exécution de nombreux prisonnierEs politiques, personne ne pleurera la mort des juges Razini et Moghisseh. 

En finir avec la République islamique

À chaque fois que la mollahrchie craint pour sa survie, sa violence à l’égard de ses opposants se fait plus féroce. Ainsi, en 2024, la République islamique a assassiné plus de 900 détenuEs. Et depuis l’automne 2024, le pouvoir a même accéléré la cadence avec plus de 3 détenuEs exécutéEs par jour. Les Kurdes et les Baloutches sont les premières victimes démontrant ainsi le racisme systémique de la mollahrchie. 

51 détenuEs d’opinion répertoriéEs attendent dans les couloirs de la mort. Des campagnes contre la peine de mort sont organisées de l’intérieur même des prisons avant de s’étendre à l’extérieur du pays.

C’est le cas notamment pour Varisheh Moradi et Pakhshan Azizi, deux militantes kurdes, pour lesquelles divers appels et pétitions circulent 1. Une journée de grève générale fortement suivie a été déclenchée au Kurdistan le mercredi 22 janvier pour dénoncer leur condamnation.

Contre le régime capitaliste et obscurantiste des mollahs qui donne de nombreux signes de faiblesse, il est important de développer ici et maintenant le soutien à celles et ceux qui luttent pour la justice sociale, la démocratie, l’égalité homme-femme, la défense des minorités nationales et religieuses. Il est plus que temps d’en finir avec la République islamique. Pour cela, la jeunesse, les femmes, les travailleurEs et les peuples d’Iran ont besoin de la solidarité internationale. La chute de la mollahrchie par une victoire populaire et sans ingérences impérialistes serait un formidable encouragement pour l’ensemble des peuples de la région et du monde. 

Babak Kia