Publié le Samedi 30 juillet 2011 à 20h55.

Un processus révolutionnaire à l’échelle de la région arabe

Tunisie, Égypte : des insurrections de masse ont abattu début 2011 la dictature de Ben Ali puis celle de Moubarak, et ont bousculé la situation mondiale. Elles ont en effet marqué un processus révolutionnaire international, à l’échelle de ce qu’on peut appeler « la région arabe ». Celle-ci s’étend à cheval sur les continents africain et asiatique, concerne une vingtaine d’États et 300 millions d’habitants s’exprimant essentiellement en langue arabe et se référant principalement à cette culture, mais englobant également des populations d’autres références, berbère et kurde en particulier.

Des manifestations répétées et d’une ampleur sans égale depuis des décennies ont contesté au même moment quasiment tous les régimes en place au sud de la Méditerranée, de l’Atlantique au Golfe Persique. Ces contestations sont parvenues à des niveaux très inégaux : à l’heure où nous écrivons, l’insurrection libyenne a libéré une partie du pays mais n’arrive pas à abattre Kadhafi et est confrontée aux contradictions de sa mise sous dépendance militaire occidentale ; le régime yéménite semble à l’agonie devant la détermination des manifestants, mais les monarchies de la péninsule arabique pensent avoir contrecarré les mobilisations à Oman et surtout au Bahreïn où la répression est féroce. Au Maroc et en Jordanie, les monarchies au pouvoir sont affaiblies mais tentent de rebondir au travers de concessions économiques et de réformes cosmétiques, tout comme le régime militaire algérien. En Syrie enfin, l’affrontement entre le pouvoir sanguinaire d’Assad et le peuple ne cesse de s’exacerber.

Ce bouleversement international est donc encore en plein développement, mais est confronté à la double contre-offensive des régimes en place et des puissances impérialistes. Les révolutions tunisienne et égyptienne sont devant de très nombreuses difficultés, mais elles ont montré que des mouvements de masses exaspérées par la dégradation de leurs conditions de vie, surmontant la peur de la répression et de la mort – car des centaines de personnes y ont perdu la vie pour que leur peuple gagne la liberté – peuvent abattre les régimes apparemment les plus solides. C’est pourquoi, au-delà même de la région arabe, elles nourrissent d’autres révoltes, du Burkina Faso et du Sénégal aux « Indignés » de l’État espagnol.

Christian Babel