En bon serviteurs du patronat, Hollande n’est pas très regardant sur les fréquentations que lui impose le job. Sorte d’ectoplasme s’adaptant à toutes les situations, il est allé, en deux semaines, du Qatar à Cuba en passant par l’Arabie saoudite et les dernières colonies de la France aux Antilles, commémorant l’abolition de l’esclavage pour mieux honorer les monarchies esclavagistes du Qatar et d’Arabie saoudite.
Doha, la capitale du Qatar, a été la première étape du périple pour assister à la signature du contrat de vente de 24 Rafale. Ce contrat de 6,3 milliards d’euros porte à 80 le nombre de Rafale vendus depuis le début de l’année, après les marchés conclus avec l’Égypte et l’Inde. Au passage, Hollande a souligné les motivations de la diplomatie française au Moyen-Orient, vendre des armes. « La France est regardée comme un pays fiable à qui il est possible de donner sa confiance », cette « crédibilité » peut déboucher sur des « contrats ». « Si on peut allier la diplomatie et des actions pour l’emploi dans nos régions, j’en suis très heureux ». En fait, des milliards pour Dassault, Thales et autres...Puis ce fut Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite, et le sommet des six pays du Conseil de coopération de Golfe (CGC) rassemblant les dirigeants arabes sunnites des pétromonarchies, Arabie saoudite, Qatar, Oman, Koweït, Émirats arabes unis et Bahreïn. Ces alliés traditionnels des USA, qui seront bientôt reçus par Obama, sont en froid avec leur maître. Ils craignent son changement de politique qui cherche à associer l’Iran à sa stratégie en Irak et Syrie, avec en contrepartie un possible accord fin juin sur le nucléaire. Les USA ont besoin d’un nouvel allié pour maintenir l’ordre dans la région face au chaos provoqué par leurs interventions et celles de leurs alliés.
Une trentaine de patrons dans les bagages de HollandeLa France utilise ces tensions en se plaçant ouvertement du côté des monarchies du Golfe, négociant des contrats en contrepartie. Après les Rafale, les négociations portent sur des commandes dans les secteurs de la défense, des transports, de l’énergie et de la santé, la perspective de vingt contrats dont le montant a été évalué à « plusieurs dizaines de milliards d’euros » par Laurent Fabius. Et bien sûr, pas un mot de critique sur ces monarchies théocratiques qui appliquent la peine de mort, au sabre et sur la place publique, sanctionne le blasphème de 1 000 coups de fouet, nie les droits les plus élémentaires des femmes comme des travailleurs.Cela n’empêche pas Hollande de déclarer en partant pour Cuba, « je parlerai des droits de l’homme car chaque fois qu’il y a des prisonniers politiques, chaque fois qu’il y a des manquements à la liberté, la France ne reste pas bouche cousue »... L’ami de la monarchie wahhabite n’oubliera pas de faire sa petite leçon à Cuba ! Et cela après avoir fait le tour des dernières colonies de la France dans la Caraïbe, les îles de Saint-Barthélémy, Saint-Martin, la Martinique, la Guadeloupe, pour, après Cuba, faire escale à Haïti toujours marquée par les stigmates du colonialisme.Ce premier voyage d’un chef de l’État français depuis l’indépendance de Cuba en 1898 se veut historique. Il a lieu parce que les USA le veulent bien, pour le seul bénéfice de la trentaine de patrons qui accompagnaient Hollande et veulent profiter de la levée de l’embargo, avec en toile de fond l’Amérique latine.La diplomatie cynique des Dassault, Bouygues et de leurs amis.
Yvan Lemaitre