Washington et Kaboul sont en train de conclure un accord dit « pacte de sécurité » qui fixe les modalités du maintien de la présence militaire américaine sur le sol afghan à partir du 1er janvier 2015, date à laquelle l’essentiel des troupes de l’Otan, aujourd’hui 75 000 hommes, devraient avoir quitté l’Afghanistan.
Quinze mille soldats de l’Otan resteront au nom d’une mission d’assistance à l’armée afghane sans compter la présence « civile » des américains. Il s’agit d’essayer de garder le contrôle de Kaboul et d’une partie du pays alors que les talibans assoient leur influence. Les 2 500 membres de l’assemblée traditionnelle de notables (loya jirga) ont décidé de signer l’accord alors que Karzaï, le président en place, essaye de préparer son avenir en prenant la posture de l’homme indépendant. « Je ne leur fais pas confiance et ils ne me font pas confiance », dit-il en parlant des USA, lui qui fut leur marionnette. Il a reçu, à l’occasion de la visite du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, l’engagement du Pakistan de lui apporter « toute l’aide possible » pour relancer les pourparlers avec les talibans qui, de leur côté, ont « fermement condamné » le vote de la loya jirga « convoquée par le gouvernement marionnette de Kaboul pour servir les intérêts américains ».
Sinistre comédieDans le même temps, le pouvoir fait des gestes vis-à-vis de ces derniers, comme cette décision abjecte de réintroduire dans le code pénal la lapidation, peine capitale pour les auteurs d’adultère, lapidation pratiquée quand les talibans étaient au pouvoir. Membre de la Commission sur la loi coranique, Rohullah Qarizada a reconnu : « Nous travaillons sur un projet de code pénal de la charia prévoyant que la lapidation serait la sanction de l’adultère, s’il est confirmé par quatre témoins oculaires ». Une clause prévoirait la lapidation en public « à mort si les personnes adultères sont mariées ». « Si les personnes ne sont pas mariées », la proposition prévoit à la place de leur administrer « 100 coups de fouet »… Qarizada a précisé que les États-Unis et les Nations unies avaient été informés de ce projet. Sans réaction. Selon le ministère de la Justice, lui « ainsi que d’autres institutions judiciaires afghanes, travaillent sur une loi pour sanctionner l’adultère, le vol et la consommation d’alcool, en accord avec la charia, la loi islamique ».Les puissances occidentales prétendaient être intervenues en 2001 et occuper l’Afghanistan depuis plus de dix ans pour défendre les droits démocratiques, en particulier ceux des femmes. Une sinistre comédie. Aujourd’hui les USA négocient leur maintien sur place, avec des hommes politiques fantoches qui se préparent à gouverner avec les talibans.Des milliards de dollars ont été engloutis dans cette sale guerre contre la population, des milliards dont celle-ci aurait pu bénéficier au lieu de subir les exactions et violences meurtrières tant des intégristes que des troupes de l’Otan. Mais de toute évidence, la démocratie, les droits de femmes, pas plus que le bien-être de la population, ne sont la préoccupation des grandes puissances.Et dans le même temps, la production d’opium a été multipliée par 40…
Yvan Lemaitre