Publié le Mercredi 23 mars 2016 à 21h20.

USA : Le droit de ne pas croire

Après une critique du pape, Donald Trump a dû se défendre de ne pas être un bon chrétien. Un tel débat ne nous concerne pas : chrétien ou pas, Trump est un vrai réac. Mais aux États-Unis la référence religieuse compte.

Se dire athée n’a rien d’une évidence dans ce pays où Dieu est partout : dans la Constitution, sur le dollar – « In God we trust » –, sans compter les innombrables chapelles de toutes dénominations qui rappellent sa présence à chaque coin de rue... En Israël, ce sont les ultra-religieux qui prétendent de plus en plus régenter la vie de tout le monde (et une partie d’entre eux sont les fers de lance des provocations contre les Palestiniens) et remettent en cause la place, pourtant très favorable, qui leur avait été consentie d’emblée dans l’État sioniste. Dans le monde musulman, la pression conservatrice et intégriste se fait sentir dans bon nombre de pays. Au Pakistan, dans un article de 2013, un universitaire évoquait ainsi avec nostalgie le fait qu’il y a vingt ans, son épouse pouvait monter à califourchon sur sa moto derrière lui et que des femmes faisaient seules de la moto et du vélo. Cela n’est plus désormais possible. Dans divers pays, l’accusation d’athéisme ou de blasphème a désormais comme conséquence non seulement un rejet moral, mais la répression étatique qui peut se traduire par des poursuites, de la prison ou même la peine de mort. Parfois, les juridictions religieuses s’imposent aux décisions des tribunaux ordinaires : ainsi, en Malaisie, le 22 février dernier, la Haute Cour de la Charia a reporté la décision de libération de Kassim Ahmad, intellectuel de 82 ans accusé d’avoir insulté l’islam, bien qu’une cour d’appel ait déclaré illégales son arrestation et les poursuites.

Être sans Dieu ne signifie pas forcément être du bon côté dans les affrontements de classe ou être exempt de comportements sexistes ou homophobes. Certains croyants peuvent d’ailleurs être plus irréprochables sur ces sujets. Mais le droit de ne pas croire, de ne pas conformer son comportement à des normes religieuses est une liberté essentielle qui doit être défendue partout.