Publié le Vendredi 25 avril 2025 à 17h00.

Dix questions sur les croisades, de Florian Besson, William Blanc et Christophe Naudin

Éditions Libertalia, 2025, 190 pages, 10 euros.

Répondre à dix questions sur les croisades, c’est l’œuvre de salubrité publique à laquelle se sont livrés Florian Besson, William Blanc et Christophe Naudin pour les éditions Libertalia. Avec en « bonus » dix questions en fin d’ouvrage. S’il y avait bien un « Que sais-je ? », factuel, il manquait sans doute une synthèse sur « l’objet croisade » dans ses développements historiographiques et politiques. 

L’imaginaire de la croisade

Le sujet le méritait, tant il est d’actualité : aujourd’hui encore, les courants réactionnaires s’emparent allègrement de l’imaginaire de la croisade. Alors nos auteurs s’y sont attelés. Le résultat est efficace et percutant. 

Non seulement le livre fait le point sur des aspects précis : Qu’est-ce qu’on peut appeler « une croisade » ? Combien y en a-t-il eu depuis la première, impulsée par le pape Urbain II en 1095 ? Qui est Saladin, le (re)conquérant de Jérusalem ? Mais il s’attaque également à ce qu’on pourrait appeler sa « récupération civilisationnelle » opposant mondes « chrétiens » et « musulmans ». Ainsi les chrétiens d’Orient sont loin d’avoir toujours vu les croisés d’Occident comme des « libérateurs ». Et certaines croisades ont combattu des armées… chrétiennes.

Regards d’aujourd’hui sur hier

Le travail de l’historien, des historiens, vient ici utilement déconstruire les idées reçues comme les instrumentalisations. D’une plume alerte, les auteurs enfoncent le clou, y consacrant un chapitre. Même s’il y a eu des échos progressistes de la croisade (chez les suffragettes ou les militantEs afro-américainEs), elle inspire les guerres coloniales, « habite » les collaborationnistes français et est réactivée dans les guerres impérialistes post-11 septembre. Le livre interroge aussi les regards d’aujourd’hui jetés sur hier : en se demandant par exemple si l’on peut dire des croisades qu’elles auraient été « une entreprise coloniale ».

Un cahier iconographique solidement légendé, deux cartes commentées et un précieux index des noms de personnes et personnages complètent l’ouvrage. On ne peut au passage que recommander le reste de la collection « Dix questions » de Libertalia qui compte à ce jour dix titres.

Citons pour finir la juste conclusion des auteurs, qui témoigne d’une démarche que nous partageons pleinement : « l’histoire offre une clé pour une vision plurielle du passé. Et donc vers un futur où des alternatives existeront. »

Théo Roumier