Vendredi 3 février, un juge fédéral de Seattle nommé par Bush en 2003 a bloqué temporairement le décret interdisant l’entrée aux États-Unis pour les ressortissants de sept pays dits musulmans (Iran, Irak, Libye, Soudan, Somalie, Syrie, Yémen)...
Un bras de fer juridique est engagé. C’est un camouflet pour Trump, après les manifestations à travers le pays ou dans les aéroports et le tollé international provoqués par son geste xénophobe et raciste.
« Ridicule »
Contesté de toute part – y compris par les patrons de la Silicon Valley, puis de Wall Street, même par ceux de la première banque d’affaires au monde, Goldman Sachs – Trump défend avec arrogance son sale décret anti-immigration au nom de la « lutte contre le terrorisme », sinistre musique bien connue. Il a jugé « ridicule » la décision de ce « soi-disant juge », proclamant qu’elle serait invalidée. En attendant, le plus ridicule est plutôt celui qui vocifère.
Le département américain de la Justice a fait appel, arguant du fait que le magistrat aurait « remis en cause le jugement du président en matière de sécurité nationale ». Trump accuse ceux qui veulent l’annulation de son décret de faire le jeu des terroristes. « Aujourd’hui, nous envoyons un message uni à ces forces de mort et de destruction : l’Amérique et ses alliés vous vaincront », clame-t-il, faisant dans le même temps un geste en direction de la Russie de Poutine auquel il ne cesse de rappeler sa confiance...
« Le mal »...
Il s’est aussi emparé de l’affaire du tir de missile balistique effectué il y a dix jours par l’Iran pour désigner son grand Satan à lui et en faire sa cible principale : « Nous devons garder “le mal” hors de notre pays. [...] L’Iran joue avec le feu, ils ne se rendent pas compte de combien le président Obama était gentil avec eux. Pas moi ! ».
Les États-Unis annoncent sans autres précisions vouloir lui imposer de nouvelles sanctions, qui ne violeraient cependant pas l’accord sur le nucléaire conclu en juillet 2015 entre les grandes puissances et Téhéran. Un accord que Trump a dénoncé, s’alignant ainsi sur la position d’Israël.
Les banques à la fête
Cette démagogie agressive vise à tétaniser l’opinion pendant que le milliardaire prépare ses mauvais coups avec ses amis les banquiers. « Aujourd’hui, nous signons les principes fondamentaux de la réglementation du système financier américain », a-t-il déclaré en signant le décret remettant en cause les lois d’Obama imposant quelques timides règles aux banques après la crise des subprimes. « Nous avons hâte de travailler dans un esprit bipartisan avec le gouvernement, le Congrès et les régulateurs bancaires, sur ces changements de pratiques qui conserveront les banques fortes et capables de fournir les capitaux essentiels à la reconstruction de notre économie », répondent les banquiers. Une belle unanimité !
Et le sénateur républicain Patrick McHenry, vice-président de la commission des services financiers, s’attaque directement à la dirigeante de la FED : « Il apparaît que la Réserve fédérale continue de négocier des normes réglementaires internationales pour les institutions financières avec des bureaucrates internationaux dans des pays étrangers sans transparence, sans en rendre compte et sans autorité pour le faire. C’est inacceptable », assène-t-il. Pour le capital, tout est permis... jusqu’au prochain krach !
Prendre la main
Pour se donner les moyens de poursuivre sans entrave sa politique réactionnaire au service de Wall Street, Trump met ses hommes en place. Il veut imposer Neil Gorsuch pour siéger à la Cour suprême, en centre décisif pour assurer la stabilité du pouvoir. Gorsuch, un juge de cour d’appel fédérale, est un conservateur qui appartient de longue date à la Federalist Society, une organisation réactionnaire devenue très puissante sous la présidence de Bush. Et la nomination de son conseiller en stratégie, Stephen Bannon, militant d’extrême droite, au poste de membre permanent du Conseil de sécurité nationale (CSN), indique sans ambiguïté ses intentions.
L’avenir est entre les mains de celles et ceux qui ont commencé à se dresser contre la brutale offensive des classes dominantes qui se met en place.
Yvan Lemaitre