Après quatre mois de mobilisations de l'opposition et de violences entre avril et juillet, le Venezuela est confronté à une nouvelle crise : un possible défaut de paiement.
Les agences de notation sont formelles : le Venezuela et l’entreprise pétrolière publique, PDVSA, sont en défaut partiel de paiement. Le gouvernement de Nicolás Maduro estime pour sa part que son pays ne sera jamais en défaut de paiement. Il a invité une partie de ces créanciers, lundi 13 novembre, et leur a demandé une restructuration de la dette lors d’une réunion de moins d’une demi-heure.
Une crise économique profonde
Le contexte de cette nouvelle crise est celui d’un effondrement économique du pays. Dans un État rentier, où le pétrole représente plus de 95 % des exportations, la chute des cours de l’or noir à l’été 2014 a eu des conséquences désastreuses. Pour la quatrième année consécutive, le Venezuela est en récession, une contraction cumulée d’un tiers de sa production. Le taux d’inflation devrait dépasser les 1 000 % cette année. Depuis plus d’une décennie, les grandes entreprises détournent le taux de change, avec la complicité des hautes instances gouvernementales, par surfacturations d’importations ou pour des importations non réalisées. Ces manœuvres ont coûté plus de 300 milliards de dollars à l’État vénézuélien.
La monnaie vénézuélienne s’effondre, la différence entre le taux de change bolivar/dollar officiel et officieux atteint une échelle de 1 à 6 500. Cela entraîne des difficultés d’importation d’aliments, de médicaments, créant des pénuries qui dégradent très fortement les conditions de vie des classes populaires. L’hyperinflation ronge le pouvoir d’achat des salariéEs. Un salaire minimum ne représente désormais qu’un quart des besoins élémentaires d’un foyer.
Dans cette situation, tout gouvernement progressiste donnerait la priorité à l’importation de produits de première nécessité pour soigner et alimenter la population plutôt que de payer ses créances. Nicolás Maduro a choisi de rembourser, rubis sur l’ongle, une dette qui atteint un montant de 100 à 150 milliards de dollars. En mai dernier, le gouvernement vénézuélien avait octroyé à la banque Goldman Sachs des bons de PDVSA d’une valeur de 2,8 milliards de dollars pour des liquidités correspondant à seulement 31 % de leur valeur réelle, face aux difficultés de s’approvisionner sur les marchés financiers.
Des projections géopolitiques qui prennent le pays en otage
En août dernier, les États-Unis ont durci encore davantage l’accès aux marchés financiers en interdisant aux entreprises et aux citoyens de son pays de contracter de nouvelles obligations à l’égard du Venezuela. Le gouvernement Maduro se retrouve ainsi à s’endetter dans des conditions encore plus défavorables. Á l’inverse, la Russie et la Chine sont plus clémentes pour rééchelonner une dette dont elles imaginent les avantages géopolitiques qu’elles peuvent tirer.
Les restrictions budgétaires du gouvernement de Donald Trump sont criminelles et condamnent des millions de Vénézuéliens à la misère. La politique de Nicolás Maduro, payer coûte que coûte une dette qui ne pourra pas être remboursée, rééchelonnée ou pas, n’est pas une perspective viable pour les Vénézuéliens. Les classes populaires n’ont pas à être prises en otage par les projections géopolitiques des uns ou des autres. La seule solution, c’est l’annulation totale de cette dette ! Les Vénézuéliens n’ont pas à payer pour une crise qu’ils n’ont pas créée.
Pedro Huarcaya