La crise politique, économique et sociale au Venezuela est très grave. Si elle est, en partie, la conséquence de la chute du prix mondial du pétrole, la politique menée par son président Nicolás Maduro n’a fait qu’accroître la catastrophe.
D’après le FMI, le PIB du Venezuela aurait baissé de 20 % depuis 2013. En juillet 2016, l’inflation était de 487,6 % par an, la plus haute de l’histoire du pays. Et l’année prochaine, le gouvernement devra faire face à des dettes internationales pour un total de 13 milliards de dollars, alors que les réserves monétaires du pays sont de 10,9 milliards de dollars.
La population subit des pénuries invraisemblables. On manque de tout : papier toilette, café, nourriture, médicaments... La mortalité infantile est en hausse. La jeunesse, sans espoir, émigre. Très peu croient encore le président quand il dit que tout cela est la conséquence d’un complot pour étouffer la révolution bolivarienne.
Un bras de fer en forme de référendum
Il y a quelques mois, l’opposition de droite rassemblée dans la MUD (Mesa de Unidad Democrática) a demandé un référendum révocatoire contre Maduro. Ce processus prévu dans la Constitution bolivarienne avait déjà été demandé par l’opposition en 2004, pendant la présidence de Chavez. À ce moment-là, Chavez avait non seulement accepté le référendum mais il avait demandé au CNE (Conseil national électoral) de faire abstraction de certains irrégularités commisses par l’opposition. Le référendum a bien eu lieu... et Chavez le gagna avec presque 60 % des voix, dans un vote que les observateurs internationaux qualifièrent d’exemplaire.
Nicolas Maduro et la direction du PSUV ont fait l’exact opposé. Le 20 octobre, les tribunaux pénaux de sept provinces gouvernées par le PSUV ont ordonné la suspension de la collecte de signatures pour demander le référendum à cause des irrégularités, passant outre le CNE qui finalement accéda à leur décision.
À partir de ce moment, le cirque médiatique s’est déclenché. L’Assemblée nationale (majoritairement aux mains de la MUD) a crié au « coup d’État », et pendant que les élus de la MUD lisaient leur déclaration, la salle a été envahie par les membres du PSUV...
Ouverture des négociations ?
Face à la crise, le gouvernement a appelé l’opposition au dialogue, avec la participation de « médiateurs » : trois anciens présidents latino-américains, l’ancien Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, le sous-secrétaire aux Affaires politiques du département d’État des USA Thomas Shannon, et Monseigneur Claudio Maria Celli, l’envoyé officiel du Pape. La MUD, pour sa part, a menacé le CNE et les sept juges qui ont suspendu le référendum de saisir la Cour pénale internationale et de déclencher l’impeachment contre Maduro. Elle a aussi lancé un programme de manifestations ayant pour objectif de faire tomber le gouvernement.
Les impérialismes américain et européen sont très préoccupés. Ils savent que les négociations ne seront pas faciles, et c’est pour cela qu’ils ont joué leur dernière carte, cela avec la participation du Pape.
La MUD est très divisée. Un secteur veut négocier, mais la plupart de ses membres ne se sont pas assis à la table des négociations. Leur seul objectif est que Maduro dégage. Ils veulent lancer un « impeachment »... sauf que ce mécanisme n’existe pas dans la Constitution bolivarienne. Fait étonnant, le référendum n’est plus exigé.
Un absent, le peuple vénézuélien...
Pour sa part, Diosdado Cabello, vice-président du PSUV, vient de dire qu’il n’est pas question que Maduro démissionne. Eux ont l’espoir que le prix mondial du pétrole va monter et que la situation économique s’améliore, ce qui leur permettra de négocier avec l’impérialisme et le capital financier dans de meilleures conditions.
Maduro et la MUD ont un point en commun : aucun des deux ne veut de la participation indépendante et démocratique du peuple vénézuélien dans le processus de prise de décisions sur son propre avenir. Et malheureusement, la démoralisation et l’apathie généralisées de la population jouent en leur faveur.
Virginia de la Siega