Publié le Vendredi 14 novembre 2025 à 09h00.

Venezuela : Entre offensive impérialiste de Trump et répression de Maduro

Depuis le mois d’août, au moins 70 personnes ont été tuées par les frappes des forces armées étatsuniennes sur des bateaux principalement sortis des côtes vénézuéliennes, dans l’espace de la mer des Caraïbes, sous prétexte de la lutte contre le narcoterrorisme.

Cette offensive impérialiste, qui cache mal la volonté des États-Unis de provoquer un changement de régime au Venezuela, est également instrumentalisée par le gouvernement autoritaire de Nicolás Maduro.

Avancée impérialiste

Avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, et en particulier de Marco Rubio, représentant des néoconservateurs de Floride au Secrétariat d’État, l’impérialisme étatsunien revient à sa « zone naturelle d’influence » dans l’objectif de reprendre la main sur l’Amérique latine. L’installation de plus de dix mille soldats dans la région, en plus de six bateaux de guerre et d’un porte-avions, est une démonstration sans faille de la volonté de l’impérialisme étatsunien d’imposer son agenda politique et économique par la force. C’est le cas en particulier au Venezuela, pays déclaré comme une « menace exceptionnelle » pour la sécurité des États-Unis depuis l’administration Obama, politique qui a été par la suite approfondie par la première administration Trump, qui a imposé en 2019 des sanctions économiques sur l’État et sur l’entreprise pétrolière vénézuélienne publique PDVSA, aggravant lourdement les conséquences d’une crise économique catastrophique déjà en cours depuis les années 2014-2015.

Une politique légitimée par l’opposition conservatrice, dont María Corina Machado, récente lauréate du prix Nobel de la paix, qui soutient ouvertement la politique belliciste de Trump, ainsi que l’expulsion des migrantEs vénézuélienNEs envoyés dans les geôles de Bukele au Salvador, sous prétexte d’appartenance à des « bandes criminelles ».

Répression sociale et politique

Sur le terrain, le gouvernement Maduro, sous pression, excelle dans la répression sociale et politique. Les disparitions ou arrestations de journalistes, militantEs des droits humains, syndicalistes, chercheurEs, intellectuelLEs et artistes font partie du quotidien. Le président lui-même appelle la population à la délation par le biais d’applications sur les téléphones, qui permettraient de faire des dénonciations sans risque.

Enfin, récemment, ce sont des chercheurEs et militantEs écologistes qui ont été la cible de l’exécutif, accuséEs de promouvoir un faux discours de gauche tout en travaillant au service des intérêts étrangers. La consigne est simple, comme le dit le hashtag désormais présent sur toutes les communications gouvernementales : dudar es traición (douter, c’est trahir). En retour, la gauche critique rejette l’anti-impérialisme de façade du gouvernement et une politique économique furieusement extractiviste, au service d’une nouvelle caste au pouvoir.

Solidarité internationaliste

En tant qu’internationalistes, nous dénonçons les nouvelles manœuvres des États-Unis contre la souveraineté du Venezuela, qui pourraient — de plus — déstabiliser toute la région, sur fond de concurrence acharnée avec la Chine pour le contrôle du sous-continent. Dans ce contexte, les initiatives diplomatiques et les mobilisations internationales qui pourraient contribuer à faire reculer Trump dans ses velléités guerrières seront bienvenues.

Notre solidarité va au peuple vénézuélien, seul à même de résoudre le conflit politique et géopolitique qui l’afflige et qui a provoqué le départ de plus de 8 millions de personnes, soit un tiers de la population du pays.

Face aux attaques impérialistes et à l’autoritarisme de Maduro, nous appelons à soutenir les camarades et les mouvements sociaux qui se mobilisent, dans un contexte difficile, pour promouvoir des luttes d’émancipation par le bas, sans céder aux sirènes de l’extrême droite.

Y.B. et F.G.