Les VénézuélienEs subissent depuis des années une crise économique sans précédent. L’économie vénézuélienne, dépendante de la rente pétrolière, a subi de plein fouet la chute des cours du pétrole à l’été 2014. Selon l’ONU, 2,3 millions de personnes ont déjà quitté le pays vers les pays voisins en général, et la Colombie en particulier.
La crise a vu ses effets décuplés par la chute de la production pétrolière, de plus de 3 millions de barils par jour en 2008 à moins de la moitié aujourd’hui. Depuis 2012, la monnaie s’est effondrée. Le gouvernement est le principal responsable de cette situation. Pendant une décennie, il a permis que des multinationales et une nouvelle bourgeoisie liée à l’État et créée lorsque Chávez était encore en vie, la « boli-bougeoisie », s’enrichissent en détournant le -système de change.
Effondrement monétaire et inflation
Cet effondrement monétaire a des conséquences dramatiques pour la population. Gangrenés par l’hyper-inflation, les salaires ont perdu toute valeur. Le FMI annonce que l’inflation sera de 1 million de pourcents à la fin de l’année, des milliers de salariéEs quittent leur travail car il ne leur permet pas de survivre. Les VénézuélienEs ne parviennent plus à s’alimenter et se soigner dignement.
Depuis plusieurs mois, les infirmierEs, ainsi que les travailleurEs des secteurs universitaire et de l’électricité sont en grève pour réclamer un salaire permettant des conditions de vie dignes. Le 20 août, le gouvernement a mis en place une réforme monétaire qui lie la nouvelle monnaie, le Bolivar souverain, au « pétro », basé sur les ressources pétrolières du pays toujours davantage hypothéquées. Le salaire minimum a été augmenté de 3 500 % (26 euros du marché noir) mais le prix de l’essence est multiplié par des milliers de pourcents avec toutes les conséquences que cela signifie pour le coût des transports. Le patronat vénézuélien a eu le cynisme de se plaindre de l’augmentation des salaires malgré la promesse de Maduro d’en couvrir le coût pendant les trois prochains mois, pour empêcher la montée des prix.
2,3 millions d’exiléEs
Les États-Unis accentuent ces difficultés. Depuis un an, le gouvernement Trump interdit à toutE citoyenE et toute entreprise états-uniennes d’acheter des bons de la dette souveraine du Venezuela, asphyxiant encore un peu plus un État en défaut partiel de paiement. Le 8 septembre, le New York Times a révélé que Washington a discuté, avec un secteur des forces armées vénézuéliennes, la possibilité de renverser Nicolás Maduro. Néanmoins, ils ont rejeté l’idée à cause du manque de sérieux des militaires vénézuéliens. Les pays conservateurs de la région, y compris les plus liés à l’impérialisme étatsunien comme la Colombie, sont défavorables à une intervention militaire, sachant les conséquences que cela pourrait avoir pour leur propre pays.
Victimes de cette situation économique invivable, les VénézuélienEs fuient le pays, créant une crise migratoire de magnitude inconnue dans le continent. Selon l’ONU, 2,3 millions de personnes (environ 7 % de la population) ont déjà quitté le pays vers les pays voisins en général et la Colombie en particulier. Face aux heurts entre migrantEs et une partie xénophobe de la population locale, le président du Brésil a déployé l’armée à la frontière ; en même temps il promet de ne pas restreindre l’entrée des VénézuélienEs. Les gouvernements équatorien, péruvien et chilien ont pour leur part commencé à durcir les conditions d’accès des VénézuélienEs à leurs territoires. C’est dans ce cadre de crise pour les bourgeoisies locales qu’il faut lire la déclaration du secrétaire général de l’OEA selon laquelle il ne faut pas écarter une « intervention militaire » au Venezuela, alors qu’aucun exercice militaire ne rend cette menace crédible pour l’heure.
Pedro Huarcaya