Publié le Samedi 27 avril 2013 à 13h20.

Venezuela : stratégie de la tension

Depuis la victoire électorale à l’élection présidentielle du candidat bolivarien, Nicolas Maduro (voir Tout est à nous ! n°191), la droite s’est engouffrée dans une dangereuse stratégie de tension.Dés le soir des élections, Henrique Capriles Radonski criait à la fraude, refusant de reconnaître sa défaite, malgré une différence – certes bien plus serrée que prévue, mais néanmoins très claire – de 272 865 votes. Les membres du Conseil national électoral, y compris ceux reconnus comme proches de l’opposition, ont pourtant réaffirmé que le processus électoral a bien été transparent et qu’il s’est déroulé sans incidents majeurs, en présence de centaines d’observateurs et journalistes venus de toute la planète. Le système de vote vénézuélien (vote électronique avec confirmation par un bulletin papier et vérification de la concordance par sondage) est d’ailleurs considéré comme le plus sûr au monde par de nombreux organismes.Dès l´annonce de Capriles sur une supposée « fraude », des groupes armés de l’opposition se sont livrés à des violences de manière coordonnée dans tout le pays, preuve qu’il s’agissait d’une opération planifiée. Des symboles du processus bolivarien ont été saccagés, des commerces et des locaux brûlés, dont cinq sièges régionaux du PSUV, le parti chaviste, et de nombreuses cliniques populaires. On dénombre huit morts et des dizaines de blessés graves. Vers un nouveau coup d'État ?La réaction du gouvernement a été très claire : les auteurs de troubles seront poursuivis et condamnés. Les militants révolutionnaires ont appelé à la création de comités de défense de la révolution et de la paix, non seulement pour contrer les actes de la droite mais aussi pour approfondir le processus. Afin de désamorcer la tension, le Conseil national électoral a décidé le 18 avril un comptage de tous les bulletins papier, ce qui oblige Capriles à reculer sur sa dénonciation.Selon l’éditorialiste marxiste Guillermo Almeyra, les États-Unis et la classe dominante seraient ainsi en train de préparer un nouveau coup d’État, comme ils l’avaient fait en avril 2002 contre Hugo Chávez. Ils tenteraient d’attirer la « bolibourgeoisie » et les secteurs les plus conservateurs du camp bolivarien comme des forces armées, déboussolés par la dernière victoire électorale obtenue sur le fil du rasoir. John Kerry a réaffirmé le 17 avril : « l’Amérique latine est notre arrière-cour et nous devons nous en approcher de manière vigoureuse », justifiant ainsi les interventions directes dans les pays du continent.Dans cette situation, le NPA doit rester vigilant et apporter son soutien au peuple vénézuélien qui résiste à toute tentative de déstabilisation.Franck Gaudichaud et Patrick Guillaudat