Publié le Vendredi 28 octobre 2011 à 10h22.

Victoire de Kirchner et bons résultats de la gauche révolutionnaire en Argentine

Les élections présidentielles et législatives du dimanche 23 octobre ont consacré une large victoire de Cristina Kirchner. Elle est réélue au premier tour avec 54 % de voix, obtient la majorité dans les chambres (députés et sénateurs) et conquiert le gouvernement dans toutes les provinces (l’Argentine est un pays fédéral), à l’exception de San Luis et de la ville autonome de Buenos Aires. L’opposition bourgeoise est dispersée et écrasée et le candidat en deuxième position, Hermann Binner du Frente Amplio Progresista, n’obtient que 17 % des voix.

La presse en France a insisté sur l’ampleur de la victoire de Cristina Kirchner et sur la « prospérité » argentine, mais laisse de côté la crise en cours dans le pays et le fait politique le plus intéressant pour les militants anticapitalistes : les bons résultats de la gauche. Les trois partis de gauche se sont présentés unis aux élections, en tant que « Alianza Frente de Izquierda y de los Trabajadores », FIT. Le Front a obtenu 500 000 voix pour les élections présidentielles (2,31 %). Pour les législatives, les résultats ont été meilleurs : ville de Buenos Aires, 5,60 % ; province de Buenos Aires, 3,57 % ; Córdoba, 4,34 % ; Neuquén, 4,95 % et Salta, 8,60 %. Dans les quartiers ouvriers et populaires, le FIT a obtenu jusqu’à 15 %. Les élections ont enregistré un vrai mouvement populaire vers la gauche même si cela n’a pas permis l’élection d’un député national du fait du système électoral. Par contre, le FIT a réussi à faire élire des députés dans les provinces de Córdoba, Neuquén et Salta.

Pôle anticapitalisteLe FIT a enregistré le score le plus élevé de la gauche depuis 1983, fin de la dictature militaire. Il est devenu ainsi un pôle de référence politique anticapitaliste pour l’ensemble de la population, la jeunesse, le mouvement ouvrier, les chômeurs et précaires. Il s’est constitué comme un accord électoral au mois d’août entre le Parti ouvrier, le Parti des Travailleurs pour le Socialisme et la Gauche socialiste, trois organisations politiques de la gauche révolutionnaire trotskiste, marquées par leur opposition aux gouvernements des Kirchner. La formule présidentielle était Jorge Altamira (Parti ouvrier) président et Christian Castillo (PTS), vice-président. Il a reçu l’appui des autres organisations de la gauche révolutionnaire et d’un noyau des militants et intellectuels indépendants de gauche. La place du FIT est loin d’être seulement électorale. Lors des trois derniers mois, les organisations du FIT ont été protagonistes des mobilisations les plus significatives : la manifestation pour le premier anniversaire de l’assassinat de Mariano Ferreyra ; la solidarité avec le dirigeant des cheminots « Pollo » Sobrero ; la victoire des candidats lutte de classes aux élections syndicales de l’usine Kraft ; la victoire de la gauche aux élections des étudiants à l’Université de Buenos Aires. Les résultats du FIT aux élections traduisent surtout sa présence militante dans la lutte de classe.

Pour les élections, le FIT s’est engagé dans une agitation politique en faveur des revendications ouvrières et populaires dans la crise capitaliste et contre le gouvernement. Il s’agit de la défense du salaire et de l’emploi, la fin du travail précaire et au noir, la nationalisation des banques sous contrôle ouvrier pour faire face à la spéculation et à la fuite des capitaux, la retraite pour tous et toutes avec 82 % du salaire, la défense des services publics et des ressources naturelles contre les privatisations et l’impérialisme, la défense des luttes ouvrières et populaires et des militants contre la répression et les bandes armées.

Les résultats du FIT et la place de ses organisations dans les luttes est l’expression du développement d’une opposition ouvrière, socialiste, populaire, au régime « progressiste » de Kirchner. C’est un cours différent de celui du Brésil et de l’Uruguay. Le gouvernement de Cristina Kirchner, qui fait partie du G20, va essayer dans la période à venir d’avancer encore plus dans la mise sous tutelle des organisations de masses et dans la négociation avec l’impérialisme. L’existence de cette opposition est fondamentale. Maintenant, un riche débat s’ouvre entre les militants et les organisations sur les suites du FIT et des luttes.

Marcelo N.