Entretien. Plus de 9 ans après le mouvement contre le Contrat première embauche, Fouad Harjane, militant CNT, vient d’être condamné définitivement pour avoir participé à des actions collectives dans le cadre de ce mouvement...
Peux-tu rappeler le contexte de cette lutte et l’action en gare de Metz ?
En 2006, des millions de jeunes étaient mobilisés contre le CPE et la casse du contrat de travail. Les AG souveraines et une coordination nationale des universités en lutte ont émergé très vite. Durant 2 mois, plus de 80 facultés étaient bloquées et plusieurs journées d’actions nationales et interprofessionnelles se sont tenues. C’est dans ce contexte que le 30 mars, une journée nationale d’action avait été décidée. Nous fûmes près d’un millier à bloquer la gare pendant deux heures, puis la Chambre de commerce, et enfin un carrefour où je fus le seul interpellé sur instruction du procureur...
Quelles ont été les actions avant cette condamnation définitive ?
J’ai perdu le procès en pénal pour délit d’entrave à la circulation de voie ferroviaire, ce qui a enclenché un procès en civil pour une demande de dommages-intérêts. Après moult procédures et péripéties, j’ai été condamné à plus de 40 000 euros de dommages-intérêts. Je suis maintenant dans l’attente de la demande d’exécution de jugement de la part de la SNCF. Nous n’avons cessé de demander l’amnistie civile et pénale du mouvement social. À la vue de la mandature de Hollande, qui s’est bien gardé de nous amnistier, on comprend que l’enjeu pour ce gouvernement est de faire peur aux éléments les plus déterminés des classes populaires pour passer toutes les contre-réformes que la droite n’aurait jamais osé initier, même en rêve !
Après cet acharnement, comment vois-tu la convergence de nouvelles actions dans ce contexte nouveau ouvert par la séquence Air France ?
Il existe encore une combativité de classe dans notre camp. L’enjeu est de réussir à unifier les luttes isolées en brisant l’étau des bureaucraties syndicales. Il existe un axe, allant des différentes CNT, en passant par Solidaires, et jusqu’à la « gauche » de la CGT, avec un potentiel militant, qui doit trouver les moyens de construire une dynamique de mobilisations, de revendications et d’organisation, pour aller vers un mouvement d’ensemble, une grève générale ! L’abstention ne doit pas faire peur aux forces anticapitalistes « électoralistes », car c’est bien dans ce terreau que se trouvent les forces qui nous permettront de battre l’extrême droite. Il y a urgence à renforcer nos présences dans les entreprises et les quartiers en recentrant dans nos discours que l’essentiel, c’est l’action directe de classe.
Propos recueillis par un correspondant