Il aura fallu beaucoup de détermination aux 54 occupantEs, soutenus activement par le DAL 38, pour tenir pendant plus de quatre mois !
Avant d’occuper l’un des nombreux bâtiments vides (17 000 logements vides dans l’agglomération grenobloise), touTEs avaient entrepris de fastidieuses démarches pour simplement obtenir leurs droits. Familles ou adultes seuls sans abri, jeunes majeurs scolarisés ou apprentis, à la rue après que le Conseil départemental a abandonné son aide dès leur majorité, locataires en attente de mutation ou en demande de logement social depuis des années, ensemble avec le DAL ils voulaient occuper pour témoigner de l’étendue du problème du logement et de la non-prise en compte de leur droit. Et ouvrir des discussions avec la Ville.
Une attitude des pouvoirs publics scandaleuse
La coalition des décideurs, Ville, Actis (bailleur public), Métro (communauté de communes) et GEG (fournisseur public d’énergie) ont fait couper l’eau, l’électricité et le chauffage, quelques jours avant Noël ! Rien n’aura été épargné aux personnes, ni la tentative de l’élu au logement d’entrer dans le bâtiment à 7 h du matin « pour les compter » ni le dépôt de plainte pour « entrée par effraction et petites dégradations » de la présidente d’Actis, par ailleurs première adjointe de la Ville, dès le 14 décembre.
L’arc humaniste cher à Éric Piolle, maire de Grenoble et potentiellement candidat à la présidentielle, n’inclut visiblement pas les plus défavoriséEs ! Le déni du droit inconditionnel à avoir un toit, le dénigrement du DAL 38 accusé de mentir et de manipuler, ou soupçonné d’empêcher toute négociation, ont été particulièrement virulents.
Et pourtant ensemble nous avons gagné !
La ténacité a payé, la période électorale qui s’ouvre certainement aussi ! Un protocole de sortie du bâtiment a enfin été signé par les élus et la délégation d’occupantEs et de militantEs du DAL 38. TouTEs les occupantEs sont relogés en appartements-hôtels et le seront jusqu’à proposition pérenne et décente de relogement pour chacunE. Un comité de suivi avec les élus est créé pour suivre la réalisation du protocole.
Pourquoi cette victoire ? D’abord parce que face au mépris de notre classe affiché par les édiles locaux, nous avons construit une unité concrète, refusant la mise en concurrence produite par la pénurie de logements et d’hébergements, contre les racismes qui en découlent parfois et les discours haineux de l’extrême droite qui visent à nous diviser. Le courage des premierEs concernéEs à tenir cette occupation pour gagner touTEs ensemble, allié à l’engagement quotidien du DAL 38 ont réussi à susciter la volonté d’agir de nombreuses personnes anonymes ou célèbres, d’associations, d’artistes, de syndicats, de collectifs, de réseaux, de l’assemblée des travailleurEs sociaux, et de partis, réunis souvent dans un comité de soutien dynamique. Avec pour conséquences, de très belles prises de position, manifestations, déambulations, fêtes... Cette lutte a permis la construction d’un vrai rapport de forces et quelques convergences avec d’autres luttes, redonnant, par l’expérimentation que la lutte paye, confiance dans la force de nos combats, bref une conscience de « faire classe ».