Publié le Jeudi 9 avril 2015 à 11h35.

Logement : un campement pour faire appliquer un droit

Depuis le 31 mars, à l’initiative du DAL, un campement s’est installé place de la République à Paris. Des banderoles, des bâches, des tentes, plus d’une centaine de personnes vivent là, jour et nuit, pour exiger le respect du droit au logement, au moment où la fin de la trêve hivernale vient autoriser la reprise des expulsions locatives mais aussi la fermeture des centres d’hébergement d’urgence ouverts pour l’hiver.

Cette action prend à contre-pied la ministre du Logement et ses déclarations lénifiantes et ramène sur le devant de la scène le réel : la pénurie du logement, la violence des expulsions, l’asphyxie du 115 censé répondre à la demande d’un hébergement.Parmi les occupantEs de la place, les prioritaires DALO. L’État les a reconnus prioritaires à l’accès au logement... mais il n’arrive pas à respecter sa propre loi, et ce ne sont pas les dernières déclaration de Manuel Valls, qui veut interdire leur relogement dans les cités populaires, qui vont arranger les choses...Il y a aussi des hébergés de l’hiver. Des centres d’hébergement ferment et si la ministre annonce le maintien de 2 000 nouvelles places d’accueil, 8 000 vont fermer. Ainsi, le Refuge de Pantin (93) qui a fermé une partie de ses locaux, ou les mobilisations autour des foyers de Lille ou Toulouse. Pour ces derniers, il a fallu que les résidents, soutenus par les associations, refusent de sortir pour que soit pris en compte leur droit à l’hébergement. Sinon c’était la rue.Il y a aussi des jeunes mineurs étrangers (MIE). Normalement leur hébergement devrait être assuré de droit par l’ASE, l’aide sociale à l’enfance (voir l’Anticapitaliste n°276 et 280), mais ils sont plusieurs dizaines à camper sur la place parce que l’administration ne veut pas les reconnaître comme mineurs et ne leur propose que la rue comme lieu de vie.Et il y a les expulsés de l’hiver, les squatteurs d’immeubles insalubres pour qui il n’y a jamais de trêve et qu’on jette à la rue sans solution alternative, comme à Boulogne-Billancourt la semaine dernière.

Pendant les promesses, les expulsions continuent...Les occupants de la place demandent à être reçu par la maire de Paris et par la ministre pour qu’une négociation s’engage. Mais pour le moment, rien ne bouge.Pourtant Sylvia Pinel la ministre du Logement nous avait gratifiés d’une déclaration essentielle le 24 mars : « Il ne doit y avoir aucune remise à la rue sans accompagnement et tout doit être fait pour assurer la continuité de la prise en charge des personnes, notamment des familles ». Notons que ce n’est surtout pas un engagement à garantir un toit pour tous les menacés d’expulsion, au mieux un accompagnement, et la petite remarque finale « notamment des familles » annonce de surcroît que les célibataires expulsables vont avoir quelques soucis...On voit donc que les prétentions sont sacrément revues à la baisse : on est bien loin de la promesse de la fin de la « politique de la température » et de la résorption de l’exclusion du logement. Jamais il n’y a eu autant de personnes à la rue, de familles, d’enfants sans solutions, et le nombre d’expulsables depuis le 1er avril n’a jamais été aussi élevé. Plus de 125 000 ménages qui, si les décisions de justice sont appliquées, iront aggraver la paralysie du 115.Mais la ministre a une autre cible. Elle a découvert que l’hôtel coûtait cher (40 000 nuitées hôtelières en 2014) et prévoit donc un plan d’ici 2017 de création de places d’hébergement alternatif.Mais c’est tout de suite qu’elle doit répondre aux revendications de celles et ceux qui se battent pour leur droit au logement, en commençant par recevoir les campeurs de la place de la République.

JMB