Depuis 50 ans, nous célébrons chaque année les émeutes de Stonewall, autour de la date anniversaire du 28 juin.
Ces manifestations se sont au fil des années transformées en parades, défilés et nos luttes ont été instrumentalisées a des fins capitalistes. En France, à Paris, une inter-asso porte chaque année le projet mais rate de plus en plus le coche politique, laissant la place à une fête annuelle commerciale pailletée. Face aux besoins grandissants d’une autre politisation pour cet évènement, des manifs alternatives ont déjà été organisées de 2015 à 2017, appelées Pride de nuit et, à plusieurs reprises, des cortèges radicaux se sont mis en place pour prendre la tête du défilé.
Nos communautés pauvres et/ou issues des classes populaires ont directement fait les frais de la mauvaise gestion de la part du gouvernement en ce qui concerne la pandémie, et nous avons perdu beaucoup trop de sœurs, surtout dans la communauté trans. Les travailleurEs du sexe figurent parmi les plus touchées, elles ont été tout simplement abandonnées et livrées a elles-mêmes. Les personnes LGBT et racisées subissent la double oppression hétéropatriarcale et raciste de ce système.
Cette année, la marche des fiertés organisée par l’inter-LGBT a été décalée en novembre. Ainsi nous, gouines, biEs, trans, PD, intersexes avons saisi l’opportunité de nous réapproprier l’espace public et de mettre en avant les collectifs queers et raciséEs trop souvent invisibilisés, ainsi que les personnes handicapées.
Une initiative réussie
Nous (collectifs, assos queer et individuEs) nous sommes réunis le 23 juin dans une seule et même optique : organiser une manifestation et réaffirmer que nos fiertés sont politiques.
Dix jours plus tard nous étions plus de 7 000 à manifester ce 4 juillet dans les rue de Paris, queers racisées en tête de cortège scandant des slogans antiracistes et pro LGBT.
Ce qui est intéressant, c’est l’organisation unitaire dont nous avons fait preuve, permettant à chaque cortège de porter ses propres revendications et l’autogestion de cette manif, bien sûr certainEs se sont plus impliqués que d’autres mais il n’y avait pas d’organisateurEs à proprement parler, c’est le fruit d’un travail collectif. Compte tenu du délai imparti nous pouvons être fierEs de cette réussite !
Nous avons insisté sur la responsabilité collective, tant pour nous protéger les unEs les autres des menaces extérieures, en organisant nos propres services d’ordre et de bon fonctionnement de la manif, que sur les mesures sanitaires pour mettre en place une réduction des risques et des modes de prévention face au coronavirus en mettant à disposition gel et masques et en rappelant les mesures barrières (sans oublier VIH et IST en distribuant des capotes).
Convergence des luttes
Compte tenu de notre classe, et dans une volonté de réclamer des droits et de dénoncer l’inégalité sociale que nous subissons nous savons d’expérience que l’autonomie et la solidarité communautaire sont les clés de notre survie.
L’accent a été mis sur la convergence des luttes, et on a pu noter un réel lien entre lutte pour les droits LGBT et lutte antiraciste. La manif s’est élancée sur le slogan : « Pas de justice pas de paix » La génération Adama est bien là !
On a pu noter une vraie volonté de voir bouger les lignes, et dès lors souhaiter que cette Pride 2020 ne soit pas juste une expérience réussie en période de crise sanitaire mais qu’elle contribue à faire ré-émerger une parole politique, les revendications d’une partie de la communauté qui se reconnaît dans la lutte intersectionnelle et non pas dans le pinkwashing capitaliste.
Alliées et personnes concernées, rejoignons les luttes portées par le collectif Adama en allant manifester ce 18 juillet à Beaumont-sur-Oise !