Publié le Mercredi 16 avril 2014 à 21h33.

12 avril : comment continuer ?

Venus de tout le pays, des dizaines de milliers de manifestantEs ont déferlé sur la place de la République à Paris ce samedi 12 avril pour exprimer leur révolte contre le gouvernement et particulièrement contre Valls qui symbolise l’amplification de sa politique pro-patronale. Un succès qui appelle des suites…

Derrière un carré de tête fourni où se retrouvaient des représentants des 200 personnalités et des 80 organisations appelant à la marche, se côtoyaient une foule de manifestantEs venus en famille ou entre amiEs et les cortèges structurés et colorés des associations, syndicats et partis, des intermittents, postiers, étudiants, des sans-papiers, des mal-logés : toutes et tous unis dans un même combat. Amenés par plus d’une centaine de cars, venus en train ou en voiture, toutes les régions étaient représentées. Plusieurs milliers de manifestantEs ont aussi défilé à Marseille, à Perpignan et en Avignon. Des centaines de pancartes, d’affiches, de slogans, de banderoles exprimaient souvent avec une imagination fertile, la colère des manifestantEs, leur rejet d’une politique d’austérité et discriminatoire toujours plus agressive. Et le nouveau Premier ministre fut sans conteste la cible préférée tant il représente par son social-libéralisme autoritaire assumé ce que le mouvement social déteste. L’autocollant du NPA « envoyons Valls’er ce gouvernement PS-Medef » fut d’ailleurs largement distribué et porté.

Unité et mobilisationLe succès de cette initiative a été sa capacité à fédérer, derrière le mot d’ordre « Maintenant ça suffit ! ­Marchons contre l’austérité, pour l’égalité et le partage des richesses », des partis politiques, des structures syndicales, des associations et des personnalités que les rapports compliqués et parfois conflictuels entre partis et syndicats avaient jusqu’à maintenant contenu dans leur champs d’action spécifiques. Si les débats traversant les syndicats et les associations sur leur rapport au politique sont loin d’être dépassés, la préservation d’un cadre unitaire de ce type demeure une des conditions pour inverser le rapport de forces en faveur de notre camp social. L’autre est la volonté de pousser à la mobilisation, à la convergence des luttes, contre un gouvernement PS-Medef dont les actes nourrissent la désespérance sociale dont se repaît le FN. L’aspiration à l’unité est forte et la satisfaction d’être ensemble, gauche sociale et politique mêlée, dans un même mouvement, redonne confiance dans les capacités à combattre. D’ailleurs, cette initiative a permis un début de convergence de secteurs en bagarre quand les intermittentEs, les postierEs du 92 en grève depuis 73 jours et des étudiantEs se sont retrouvés dans un cortège commun et ont ensuite occupé un immeuble désaffecté. De tels regroupements pour l’action peuvent se construire localement sur de nombreux terrains et travailler à se coordonner nationalement. La multiplication des lieux de débats et d’actions, radicales et unitaires, dessine les contours d’une opposition de gauche cherchant à unifier, à bâtir un projet alternatif de société en s’appuyant sur les mobilisations.

Quels lendemains ?« Une marche qui ne restera pas sans lendemain » proclamait l’appel à la marche du 12 avril. Les organisations et personnalités ont donc maintenant une triple responsabilité après ce premier succès. D’abord être convaincu de la nécessité de poursuivre ensemble un processus qui concourt à reconstruire des solidarités militantes pour s’opposer concrètement aux effets de la politique du patronat et du gouvernement à son service. Ensuite surmonter les obstacles de stratégies diverses, notamment électorales. Malgré les élections européennes de fin mai qui vont occuper les partis politiques, il est possible d’exprimer ensemble le rejet des politiques d’austérité, d’encourager et de participer à toutes les mobilisations à commencer par le 1er Mai où, l’opposition au Pacte de responsabilité, qui préfigure le démantèlement de la Sécurité sociale, doit être un élément central. Enfin, donner une nouvelle perspective de journée d’action commune en juin en s’appuyant sur les collectifsa locaux mis en place dans les régions pour la préparation du 12, avec la volonté de faire monter d’un cran la dynamique de mobilisation et la compréhension que le mouvement social ne pourra pas faire l’économie de l’affrontement avec ce gouvernement.

Côme Pierron