Le gouvernement français a refusé d’accorder l’asile à Julian Assange, le fondateur de Wikileaks. La demande lui en avait été faite par Christiane Taubira, puis par plusieurs personnalités telles qu’Eva Joly ou Mathieu Kassovitz, à la suite des révélations de Wikileaks faisant état de l’espionnage par la NSA étatsunienne des trois derniers présidents de la République française. Julian Assange lui-même avait écrit à François Hollande une lettre dans ce sens, publiée par le Monde dans son édition du 4 juillet.
Dans l’heure qui a suivi cette publication, un communiqué de l’Élysée a fait connaître le refus de Hollande à cette demande, au motif que « la situation de M. Assange ne présente pas de danger immédiat. Il fait en outre l’objet d’un mandat d’arrêt européen ». Or Assange est réfugié depuis 3 ans dans l’ambassade d’Équateur à Londres, sans quoi il aurait été extradé vers les États-Unis où il encourre de très lourdes condamnations à la prison, voire peut-être à la mort. Le soldat qui avait fait parvenir des centaines de milliers de documents diplomatiques étatsuniens à Wikileaks – Bradley Manning, devenu Chelsea – n’a-t-il pas été condamné à 35 ans de prison ?
Fondé en 2006, Wikileaks a été à l’origine de très nombreuses révélations de scandales de corruption, d’atteintes aux droits démocratiques, de crimes de guerre. Il avait reçu pour cela de nombreux prix journalistiques ou émanant d’ONG. Mais depuis avril 2010 et la publication par Wikileaks d’une vidéo montrant comment des soldats étatsuniens avaient froidement abattu – et avec des commentaires d’un cynisme inimaginable – des civils irakiens dont des enfants, l’État étatsunien a déclenché une véritable guerre contre Wikileaks et les lanceurs d’alertes.
Hollande et Valls ont refusé ne serait-ce que le « geste humanitaire » que demandait Julian Assange qui vit depuis 5 ans reclus dans une pièce minuscule, séparé des siens qui, comme lui, sont victimes de multiples persécutions morales. Car ils ont beau savoir être espionnés par la NSA, ils partagent la même conviction que leurs homologues américains sur la nécessité de l’opacité et de la raison d’État, pour servir les buts inavouables de leurs richissimes commanditaires.